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BERLINALE 2022 Compétition

Ulrich Seidl • Réalisateur de Rimini

“Richie Bravo n’est pas un héros reluisant, c’est en fait un loser”

par 

- BERLINALE 2022 : Le cinéaste autrichien revient à la fiction avec la première partie d’un diptyque sur deux frères qui ont vraiment de gros problèmes

Ulrich Seidl • Réalisateur de Rimini
(© Fabrizio de Gennaro/Cineuropa)

La question que l’auteur de ces lignes était le plus enclin à poser à Ulrich Seidl, le réalisateur de Rimini [+lire aussi :
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, présenté en compétition à Berlin, a sans doute déjà envahi l'esprit de beaucoup des gens qui ont suivi son œuvre provocatrice au fil des ans : de but en blanc, on aurait bien demandé "Pourquoi vos films sont-ils si bizarres ?". Heureusement, notre conversation est allée dans d’autres directions, et Seidl a pu nous fournir des informations intéressantes sur son film.

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Cineuropa : Y a-t-il eu un moment précis où vous avez su que ceci serait votre prochain film ?
Ulrich Seidl :
Avec moi, les idées mettent toujours longtemps à se décanter : ça peut même être des idées anciennes mises ensemble avec des nouvelles. Il peut y avoir une scène, un personnage ou un lieu que je veux développer, et qui pourrait amener dans une direction nouvelle. Pour Rimini, le personnage de Richie Bravo remonte au tournage d'Import/Export [+lire aussi :
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: j'ai noté que mon acteur Michael Thomas était doué en chant et ça a été le point de débat par du film.

Quand vous faites des recherches pour un projet, à commencer par les lieux où vous allez tourner, savez-vous à l’avance ce que vous cherchez, peut-être grâce à internet, ou est-ce que c’est spontané et que vous trouvez les endroits comme ça sur le coup, une fois sur place ?
Mes films impliquent toujours un très long processus de préparation, et des repérages prolongés. Je savais depuis longtemps que je voulais faire un film qui se passerait sur l’Adriatique, dans un environnement hivernal, sur la côte face à la mer, avec les plages vides, le brouillard et le froid, et j'adorais l’idée de tourner là-bas avec les hôtels fermés, et les bars de plage, les restaurants, la ville hors saison. L’atmosphère était extrêmement importante pour moi. Elle se prêtait parfaitement à l’histoire de Richie Bravo. Les lieux sont toujours très importants pour moi, et ils inspirent mes scènes également : parce que j’écris le scénario en fonction des lieux, mais aussi parce qu'il y a des endroits sur lesquels je tombe par hasard une fois sur place, et qui m’inspirent des scènes spécifiques ou me donnent des idées de scènes (les discothèques d'hôtel, par exemple). Il y a des accidents heureux qui se produisent : il a eu de la neige à Rimini, chose qui n'était pas arrivée depuis des décennies, et ça, c'était un cadeau à côté duquel je ne pouvais pas passer. Si ça ne s'était pas produit, nous n’aurions pas eu la scène où Richie Bravo danse dans la neige, sur la terrasse de l’hôtel.

Dites-m’en plus sur la construction du personnage de Richie Bravo. Était-il important pour vous qu'il chante du schlager, un genre musical que tout le monde ne connaît pas ?
Qu'on aime le schlager ou pas, c’est une question de goût. Certains aiment bien, alors qu'il y a d'autres gens que ça laisse froids. Je dirais que ça me parle parce que j’ai été confronté à cette musique dès ma plus tendre enfance. J’avais des femmes de ménage qui écoutaient ça à la radio ou sur leur téléphone. Ma mère écoutait cette musique aussi. Et Richie Bravo chante cette musique avec une sincérité totale, une conviction absolue, et c’est une des raisons pour lesquelles il a cette connexion particulière avec son public. Cette musique invoque des émotions auxquelles son public peut se rapporter. Cette musique parle de désirs jamais accomplis, de douleur, de larmes et de peines de coeur que son public ressent. C’est central dans ce personnage : Richie Bravo n’est pas un héros étincelant, c’est un loser. Et ça lui va bien. Il est au fond du trou, c'est un loser dont la vie est un vrai chaos, alors son existence consiste à toujours essayer de se hisser en dehors de cela pour garder le contrôle sur les choses, et retrouver le succès un jour.

Pourriez-vous expliquer l'idée qui a mené à la création du personnage du père, joué par Hans-Michael Rehberg ?
L’histoire que j’avais commencé à tourner au départ parlait de deux frères : on a Richie Bravo, qui est en Italie, et son frère cadet, qui a tenté de se faire une nouvelle vie en Roumanie. Le père sert de lien entre eux deux. Tout commence avec le père : il a souffre de démence sénile et vit en maison de retraite, mais aussi dans la maison familiale, au tout début du film. La mère est présente dans le film – pas physiquement, mais elle joue un rôle important parce qu’elle est présente dans leurs cœurs et dans leurs esprits.

Je me souviens d’avoir lu que ce projet ferait un seul film sur les deux frères qui s’appellerait Wicked Games.
Compte tenu de la manière dont je travaille, les choses peut avoir des résultats différents de ce qui était planifié. Dieu merci, je suis capable de réagir et de prendre des décisions de ce genre, puisque je suis aussi le producteur du film. La plupart des réalisateurs n’ont pas ce luxe ; il y a des contrats et des questions financières. Quant à moi, heureusement, j’ai la possibilité de prendre des décisions et j’ai vu que le projet avait plus de sens en deux films distincts, par opposition à un seul film plus long.

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(Traduit de l'anglais)

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