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GÖTEBORG 2022

Ştefan Constantinescu • Réalisateur Man and Dog

“La Roumanie et la Suède sont sur deux planètes complètement différentes”

par 

- Le réalisateur roumain, installé en Suède, explique quelles dynamiques ont donné lieu à la création de son premier long-métrage, projeté en première mondiale à Göteborg

Ştefan Constantinescu • Réalisateur Man and Dog

Avec à son actif une carrière artistique dans différents domaines, quelques courts métrages et un documentaire, le Roumain Ştefan Constantinescu a réalisé sa première fiction, le long-métrage Man and Dog [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Ştefan Constantinescu
fiche film
]
, l’histoire d’un Roumain exilé en Suède pour le travail. Bien entendu, après son avant-première au Festival de Göteborg, nous nous sommes empressés de demander à Constantinescu si le film était au moins partiellement autobiographique. Voici ce que le réalisateur a eu à dire sur l’histoire et la manière dont il a travaillé sur le scénario dans deux langues différentes.

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Cineuropa : Comment Man and Dog est-il né ? Y a-t-il des éléments autobiographiques dans l’histoire ?
Ştefan Constantinescu : Tout a commencé en 2016, lorsque j’ai rencontré le réalisateur Andrei Epure. La première ébauche du film était la sienne. Je l’ai adorée et nous avons décidé de travailler ensemble à distance, car il vit en Roumanie et moi en Suède. Plus tard, Jörgen Andersson a rejoint l’aventure. Je pense que tout ce que nous faisons vient de l’intérieur, d’expériences passées que nous avons nous-mêmes parfois vécues, dont nous avons entendu parler ou que nous avons lues. À 53 ans (l’âge du réalisateur), il est difficile de croire que l’on n’ait jamais connu la trahison, que ce soit en tant qu’auteur ou victime.

Selon moi, Man and Dog, est un film sur l’aliénation, sur les compromis à faire pour pouvoir travailler à l’étranger (et ainsi se présenter comme un pourvoyeur). Cet aspect-là était-il important ?
Nous avons des projets et toutes sortes de rêves. Ce qui est surprenant, c’est ce sentiment que seule une petite chose nous sépare de notre objectif. Nous sommes à la fois tout près et très loin de ce que nous voulons, et malheureusement, nous ne prenons pas en considération toutes les forces impliquées dans la réalisation de ces objectifs, ou si nous le faisons, l’enthousiasme et l’optimisme nous obligent à avoir une vision très subjective de la situation. Doru (le héros du film interprété par Bogdan Dumitrache) est un homme responsable qui aime sa famille. Il est parti en Suède pour travailler et gagner suffisamment d’argent afin de réaliser son rêve : un petit Bed & Breakfast à la périphérie de Constanţa. Mais bien évidemment, les choses ne vont pas se passer comme prévu.

Comment s’est déroulé le passage de l’univers des arts visuels à celui de la réalisation ?
Il est facile de travailler avec des éléments qui nous sont familiers : la composition, les images, les formes et les structures. Difficile en revanche de travailler avec autant de personnes. Ce qui vous paraît essentiel peut n’être perçu que comme un simple travail pour quelqu’un d’autre, suivi d'un autre la semaine suivante, alors que vous, vous consacrez des années et des années à travailler sur votre histoire. Je comprends la situation, mais je trouve cela très frustrant. C’est un chemin que vous devez tracer vous-même, et pendant que vous le faites, d’importantes interactions vont façonner votre projet d'une manière ou d'une autre.

Vous avez écrit le scénario avec un Roumain, Andrei Epure, et un Suédois, Jörgen Andersson. Comment s’est passée cette collaboration ?
Nous avons bien travaillé ensemble, mais le processus a été très compliqué. J’ai travaillé quotidiennement avec Andrei, même si nous ne nous rencontrions que quelques jours par ans. En revanche, je ne voyais Jörgen que quelques fois par mois. J’ai également travaillé sur des ébauches en suédois avec Jörgen et en roumain avec Andrei.

Existe-t-il des différences entre le travail dans l’industrie cinématographique en Suède et en Roumanie ?
Je me retrouve souvent à faire cette comparaison, et ça n’a pas de sens : la Roumanie et la Suède sont sur deux planètes complètement différentes. Je peux vous donner un exemple : en 2021, la Swedish Agency for Cultural Analysis (l’Agence suédoise pour l’analyse culturelle) a réalisé une étude, commande du gouvernement local. Cette étude examinait "l’étendue de l’indépendance de la culture, c’est-à-dire l’impact de la politique culturelle sur la liberté artistique". Les résultats ont révélé que ni les arts visuels ni le cinéma ne sont véritablement indépendants, puisqu’ils sont soumis à un contrôle politique. Je ne peux simplement pas imaginer un gouvernement roumain ordonner une telle étude.

Avez-vous un autre projet de long-métrage en préparation ? Quel en est le sujet ?
J’essaie de me décider pour un scénario écrit par Cristi Puiu et Răzvan Rădulescu, Food for Small Fish. Il s’agit de l’histoire de l’échec d’un homme ordinaire, mais d’un échec tout à fait compréhensible.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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