email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

LONDRES 2021

Peter Middleton et James Spinney • Co-réalisateurs de The Real Charlie Chaplin

"Nous avons réalisé le film durant l’ère #MeToo, ce qui a évidemment beaucoup influencé l’ensemble du projet"

par 

- Les réalisateurs du documentaire de réalité virtuelle acclamé Notes on Blindness parlent de leur nouveau film portant sur l’artiste britannique emblématique

Peter Middleton et James Spinney  • Co-réalisateurs de The Real Charlie Chaplin

The Real Charlie Chaplin [+lire aussi :
interview : Peter Middleton et James S…
fiche film
]
est un nouveau documentaire réalisé par Peter Middleton et James Spinney, qui a pour sujet l’artiste britannique emblématique du même nom. Ces derniers sont également derrière le célèbre documentaire de réalité virtuelle Notes on Blindness [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : James Spinney, Peter Middl…
fiche film
]
. Ce regard sur la vie et l’œuvre de la légende du septième art mêle enregistrements audio et images d’archives inédites. Il dresse ainsi le portrait d’un homme dans la tourmente. Le film a été présenté en avant-première mondiale au Zurich Film Festival avant d’être projeté au Festival BFI du film de Londres.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Cineuropa : Pouvez-vous nous parler des archives ? Comment y avez-vous eu accès ?
Peter Middleton : J’ai été approché par le producteur Ben Limberg il y a quelques années, en 2017. Ce dernier était parvenu à un accord exceptionnel avec la succession de Chaplin pour bénéficier de l’accès complet à ses archives personnelles et créatives. C’était d’ailleurs l’une des premières fois où on y avait entièrement accès. Ces archives incluaient les films professionnels et amateurs, de fabuleuses affaires personnelles et de nombreux documents et photographies de Chaplin.

James Spinney : Il y avait une référence alléchante dans un entretien audio de trois jours réalisé avec le magazine Life dans les années 60. Quelques extraits de cet entretien avaient déjà été utilisés et la transcription était d’ailleurs disponible. Mais on ne s’était jamais demandé comment l’analyser en détail et l’exploiter dans un film grâce aux technologies numériques modernes. Nous avons commencé à chercher d’autres ressources existantes qui n’avaient peut-être jamais été utilisées auparavant. Nous avons ainsi découvert une ressource importante : un enregistrement audio insolite de l’ami d’enfance de Chaplin, né dans les années 1890, qui parle avec son magnifique accent londonien mélodieux de la pauvreté dans laquelle vivait Chaplin pendant sa jeunesse. L’autre ressource clé est la conférence de presse donnée en 1947 par Chaplin avant son départ des États-Unis, lorsque l’industrie d’Hollywood en avait après lui en l’accusant de communisme. En effet, elle l’avait beaucoup attaqué pour son absence de patriotisme et ses idées politiques.

S’agit-il de l’histoire de Charlie Chaplin adaptée à l’ère #MeToo ?
P.M. : Nous avons réalisé le film durant l’ère #MeToo, ce qui a évidemment beaucoup influencé l’ensemble du projet. On pourrait en quelque sorte dire que Chaplin était la première célébrité moderne, la première personne dont la gloire était internationale et plus ou moins médiatisée à l’écran. C’est l’un des premiers individus à propos duquel la question suivante s’est posée : notre intérêt pour sa vie personnelle amoindrissait-il notre attachement à son œuvre ? Lorsqu’il a divorcé de sa deuxième épouse, Lita Grey, cela a provoqué un immense scandale, notamment à cause de leur différence d’âge et de certaines accusations de Lita à son encontre durant leur procédure de divorce. Vingt ans plus tard, à la fin des années 40, Chaplin a abandonné son personnage du vagabond et la politique s’est de plus en plus reflétée dans son travail. Il a alors commencé à se faire des ennemis influents dans la sphère américaine. Il n’a donc plus eu droit à la même protection que par le passé. Et soudain, le FBI et la presse à scandales ont utilisé ses scandales personnels comme prétextes pour l’attaquer. Il est assez intéressant de voir à quel point l’affaire Lita Grey et sa relation avec Joan Barry dans les années 40 ont différemment affecté son influence en tant que célébrité. Une majeure partie de l’histoire de Lisa résonnait avec celle de #MeToo, notamment parce qu’elle a lutté pour que le public l’entende et la croit.

Le vagabond était un personnage tellement iconique. Chaplin n’a-t-il pas galéré dans sa carrière, parce que le public ne voulait pas le voir lui, sinon l’icône qu’il incarnait ?
P.M. : Je pense que c’était très compliqué pour Chaplin, parce que son personnage était vraiment prisonnier de sa propre psyché. Il effectuait clairement un voyage intérieur dans ses films, notamment dans Le Kid : la scène de séparation jouait clairement sur les traumas de son enfance et sur le fait que le personnage du vagabond revienne constamment sur son humiliation. Chaplin parle beaucoup des humiliations qu’il a subies durant sa jeunesse dans son autobiographie. Son entretien avec MoMA y fait également beaucoup référence. On a l’impression que le personnage du vagabond fait partie intégrante de la psyché de Chaplin. Dans le même temps, on a l’impression que ces deux-là ont signé une sorte de pacte universel.

Le film pourra-t-il être vu en réalité virtuelle ?
J.S. : Nous y avons songé, mais nous n’avons pas encore trouvé un moyen de faire de ce documentaire une expérience unique.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Fabien Soulier)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy