email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

KARLOVY VARY 2021 Compétition

Lisa Bierwirth • Réalisatrice de Prince

"Pénétrer la diaspora congolaise est une entreprise que j’ai trouvée très difficile"

par 

- La réalisatrice allemande évoque ce qui lui a inspiré son premier long-métrage, la fabrication du film et les défis qu’elle a présentés pour elle

Lisa Bierwirth • Réalisatrice de Prince

Le Prince [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Lisa Bierwirth
fiche film
]
, présenté en compétition au Festival international du film de Karlovy Vary, est l’histoire d’une commissaire d’exposition allemande à Frankfort sur le point de perdre son emploi. Elle tombe amoureuse d’un sans-papiers congolais après une rencontre inattendue. La réalisatrice Lisa Bierwirth nous confie ses inspirations et les difficultés rencontrées pour raconter cette histoire d’amour.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Cineuropa : Qu’est-ce qui vous a inspiré Le Prince ?
Lisa Bierwirth : Ma mère a été ma plus grande source d’inspiration. Le film n’est pas la reconstitution de sa relation, mais il y a des années de cela, elle a épousé un Congolais originaire de Kinshasa. Et en dépit tous les problèmes rencontrés, ils formaient un couple vraiment remarquable et drôle, dans leurs différences, mais aussi dans leur humeur et leur parcours. C’est ce qui m’a donné l’inspiration et le courage pour raconter cette histoire.

Qu’entendez-vous par courage ?
Entrer dans la diaspora congolaise est quelque chose que j’ai trouvé difficile. C’est compliqué d’apporter un regard qui ne va pas être le mien. J’ai discuté avec l’ex-mari de ma mère, il était très enthousiaste lorsque j’ai dit que je voulais réaliser un film sur la relation entre une commissaire d’exposition allemande et un homme d’affaires congolais.

Pourquoi avoir fait le choix de situer l’action à Frankfort ?
D’un point de vue migratoire, c’est intéressant. Il y a, autour de la gare, le quartier qui réunit le plus grand nombre de nationalités. C’est là que se trouvent la Banque centrale européenne et l’un des plus grands marchés boursiers du monde. L’argent est partout et en même temps, nous avons cet antagonisme avec la pauvreté, la toxicomanie et la prostitution. Dans le film, vous pouvez également voir tout cela de la fenêtre de l’héroïne. J’ai trouvé ce cadre très intéressant pour le film. Et puis, je suis berlinoise et je n’ai pas du tout envie de tourner à Berlin !

Le film aborde l’état d’esprit libéral des Blancs.
J’ai décidé de faire évoluer Monika dans le milieu de l’art et de la culture, d’une part parce que c’est de là que je viens et je connais ce milieu, et c’est une manière d’entrer dans l’histoire d’entrer dans un univers différent, celui de la diaspora congolaise. Mais j’ai également le sentiment que les discours intellectuels menés dans le monde de l’art et de la culture ne sont jamais taxés d’injustice ou de racisme. Je voulais donc pénétrer cet univers et montrer la subtilité du racisme. Je voulais également voir qui avait le droit de poser des questions, parce que d’une certaine façon, le racisme dans le monde de l’art est plus subtil que dans les banlieues, où les chômeurs décident de devenir des nazis.

Comment avez-vous fait pour vous mettre dans la peau de Joseph ?
Nous avons fait beaucoup de recherches. Nous avons essayé de créer un personnage que nous pourrions comprendre, mais nous avons décidé d’en faire un homme insaisissable. Il pourrait être un prince, parce qu’il connaît des gens riches d’Angola, et aussi à cause de sa façon de s’exprimer. C’est, en quelque sorte, un homme qui a aussi une certaine éducation. Mais, je reste persuadée que si vous êtes un sans-papiers en Allemagne, vous n’avez quelquefois pas d’autres choix que de trouver de l’argent par d’autres biais. Je ferais la même chose si je me trouvais dans cette situation. Il y a tellement de lois que je voulais confronter dans le film. 

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy