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KARLOVY VARY 2021 Séances spéciales

David Ondříček • Réalisateur de Zátopek

“Je vois des similitudes entre la situation politique tchèque dans les années 1950 et celle d’aujourd’hui”

par 

- Le réalisateur tchèque nous parle de la levée de fonds pour un film à gros budget en République tchèque et de la volonté de faire un film historique qui ait des résonances pour le public actuel

David Ondříček • Réalisateur de Zátopek
(© Film Servis Festival Karlovy Vary)

David Ondříček est un réalisateur, scénariste et producteur tchèque. Son film In the Shadow [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
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 (2012) lui a valu neuf Lions du cinéma tchèque. Son nouveau long-métrage, Zátopek [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : David Ondříček
fiche film
]
, a fait l’ouverture du Festival international du film de Karlovy Vary cette année.

Cineuropa : Vous avez réalisé déjà un documentaire sur Emil Zátopek, en 2016. Pourquoi vous êtes-vous senti le besoin de lui dédier aussi un film fictionnalisé ?
David Ondříček :
À vrai dire, l'idée était dès le départ de faire un long-métrage de fiction, mais nous avons remis ce projet à plus tard, parce que nous n'arrivions pas à trouver l’argent. C'est un budget très élevé pour un film tchèque, donc il a fallu imaginer des manières inventives de lever des fonds. Comme j’ai étudié le cinéma documentaire à l’Académie du cinéma de Prague, je pensais qu’il serait parfait, pour mes recherches sur le film, de faire un documentaire, que cela me donnerait quelque chose de plus que ce que je pouvais apprendre en me contentant de lire des livres. Le documentaire m'a offert une magnifique occasion de rencontrer tous les amis et camarades athlètes de Zátopek. Ça a été vraiment formidable. Beaucoup sont morts depuis. C’était un matériel précieux, qui nous a permis de construire une étude importante sur le personnage de Zátopek. Après cela, j’ai réécrit le scénario du long-métrage de fiction, et ensuite nous avons trouvé l’argent pour le faire.

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Qu'avez-vous découvert sur Zátopek que vous n’aviez pas trouvé dans les livres ?
J’ai entendu des choses très tristes, comme la raison pour laquelle ils n’ont pas eu d’enfants, et c’était un thème important pour le film. Je ne voulais pas formuler précisément cette raison, mais j’en ai joué dans les dialogues. Deuxièmement, j’ai entendu beaucoup de propos politiques : pourquoi il avait mal agi ou pourquoi il avait été courageux. C’était difficile pour Zátopek de gérer les attentes qu'on plaçait sur ses épaules. Quand les gens parlaient de lui, parfois ils se mettaient à pleurer. Quand j’ai rencontré des gens, à Helsinki, qui ont vu le dernier tour du marathon, ils ont dit que c’était le moment le plus émouvant de leur vie.

Vous montrez cinq courses olympiques différentes dans le film. Comment avez-vous pu faire entrer ça dans le budget ?
Vous savez, en République tchèque, le plus compliqué est d'amorcer le financement, et je suis un réalisateur connu et expérimenté dans mon pays. Il n'a pas été facile de trouver la première partie de l’argent – nous avons perdu l'aide publique deux fois, et nous n’avions plus qu’une seule autre opportunité d'y accéder pour compléter le financement. Finalement, nous y sommes parvenus. Nous avons obtenu environ 15 millions de couronnes. Une fois qu’on a la première tranche du financement, d’autres investisseurs se mettent à bien vouloir croire que le film se fera vraiment. Il a fallu autour de six ou sept ans pour lever la première partie du financement ; après, ça a été plus facile. Le budget est trois fois supérieur à la moyenne pour un film tchèque. Il se montait à 5,5 millions de dollars, ce qui est très élevé en République tchèque.

Voir à quelles batailles politiques Zátopek a été confronté en tant que sportif connu m’a fait penser au cas récent de l'athlète biélorusse Kristina Timanovskaya, qui a dû quitter les Jeux Olympiques de Tokyo. Comment les Tchèques se souviennent-ils, à présent, du positionnement politique de Zátopek ?
Je sens qu’il y a des similitudes entre les années 1950 et la situation politique tchèque actuelle. Je n’entends pas par là qu’il y a un genre de dictature, mais il y a des similitudes en termes de propagande. On peut sentir des manières similaires d'en user. Si Zátopek prononce un discours où il dit combien il est plaisant de gagner, et combien il est encore plus important de perdre, parfois, c’est un discours qui est crédible dans les années 1950, dans les années 1960 et même maintenant. Je voulais insérer dans le film des éléments importants pour le public de maintenant, qu'il ne soit pas juste un film historique, mais qu'il présente des aspects qui nous apprennent des choses sur la situation aujourd’hui.

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(Traduit de l'anglais)

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