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SÉRIES MANIA 2021 Séries Mania Forum

Francesco Capurro • Directeur, Séries Mania Forum

"Les contenus vont petit à petit se segmenter en fonction des publics et des diffuseurs"

par 

- Le pilote des journées professionnelles du festival Séries Mania qui se déroulera à Lille du 26 août au 2 septembre, évoque l’événement et les tendances du secteur

Francesco Capurro • Directeur, Séries Mania Forum

Alors que s’ouvre aujourd’hui la 4è édition lilloise du Festival Séries Mania (du 26 août au 2 septembre 2021 – lire l’article), le plus grand événement européen dédié aux séries, nous avons échangé avec Francesco Capurro, le directeur de Séries Mania Forum qui réunira les professionnels de l’industrie sérielle mondiale du 30 août au 1er septembre.

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Cineuropa : Après une édition 2020 qui avait réussi à s’adapter en ligne dans l’urgence, comment se présente le Séries Mania Forum 2021 ?
Francesco Capurro
 : Cela se présente très bien. Cela montre que l’industrie a vraiment envie de se retrouver et de retourner à la normale. Près de 2000 accrédités participeront physiquement à l’événement, contre 2700 en 2019 avant la crise. C’est très bien compte tenu des circonstances qui sont quand même encore un peu compliquées, notamment les restrictions de voyage encore présentes pour plusieurs pays. Le programme est très riche avec près de 60 événements en trois jours entre les conférences, les sessions de pitchs, les présentations des projets, etc., et les intervenants ont répondu présent à nos invitations avec la très grande majorité qui sera sur place.

Pour les Co-Pro Pitching Sessions, 560 projets de séries issus de 59 pays vous ont été soumis, plus du double de l’année précédente. A quoi attribuez-vous cette explosion des propositions ?
Nous avons été submergés par les lectures [rires]. Je pense que beaucoup de producteurs ont mis à profit le temps de la Covid, les confinements, etc., pour développer les projets. De notre côté, nous avons eu aussi plus de temps pour prospecter et de nombreux festivals ayant été reportés, nos appels à candidatures sont restés ouverts plus longtemps. La sélection a été très difficile car la qualité moyenne de ce que nous avons reçu était très élevée. Nous avons dû faire des choix pour arriver aux 15 projets qui seront présentés lundi 30 septembre en présentiel [voir la liste], mais dont les pitchs seront aussi disponibles sur notre plateforme. Les professionnels pourront prendre rendez-vous avec les porteurs de projets soit sur place, soit en ligne [ici].

Quelles sont les tendances en termes de genre ?
Sur les projets que nous avons reçus, le genre qui domine largement est le thriller. Mais nous avons noté aussi énormément de séries historiques avec toujours une fascination pour la Seconde Guerre mondiale, une période qui marque encore fortement l’imaginaire des scénaristes européens. Il y a également de la dystopie, de la science-fiction dont les auteurs se servent souvent pour parler du monde contemporain, notamment de la crise climatique et des problématiques sociales.

Tous les pays sont désormais lancés à plein régime dans la production de série. Sur quelles forces l’Europe doit-elle s’appuyer sur l’échiquier mondial ?
La série est un phénomène global qui monte depuis dix ans et qui est devenu aujourd’hui incontournable pour tous les spectateurs dans tous les pays. L’arrivée des plateformes a amplifié cela et la crise de la Covid n’a fait que renforcer cette passion-dépendance des spectateurs vis-à-vis des séries. En Europe, le secteur de la production de séries se renforce dans tous les pays avec de plus en plus de coopération entre eux car il faut unir les forces pour être compétitif face aux Américains ou aux grandes productions internationales. Mais on y arrive petit à petit, et le succès de certaines séries européennes récentes le prouve.

Cette année, trois séries ayant participé aux Co-Pro Pitching Sessions sont en sélection officielle côté Festival (Blackport [+lire aussi :
interview : Olivier Wotling
fiche série
]
, Jerusalem et The Last Socialist Artefact [+lire aussi :
critique
fiche série
]
). Vous avez également mis en place plusieurs résidences. Quel est votre objectif sur ce volet d’incubation ?
Pour nous, c’est une réussite quand un projet est passé par les Co-Pro Pitching Sessions. Cela montre que Séries Mania accompagne les projets dès leur origine jusqu’à l’écran. Et effectivement, nous développons aussi beaucoup d’initiatives vis-à-vis des scénaristes car nous pensons que l’enjeu, pour être compétitif, c’est de former des créateurs capables de travailler ensemble sur des séries ambitieuses. Notre souhait est d’accompagner un scénariste dès son idée jusqu’à la rencontre avec des producteurs, le financement de son projet et l’aboutissement avec une projection au festival, la diffusion, etc. C’est là que notre mission prend tout son sens.

La multiplication des plateformes et la stimulation de l’industrie de la série dans tous les territoires générèrent aussi un éparpillement de l’accès des spectateurs à cause des exclusivités. Est-ce que trop de diffuseurs pourrait tuer la diffusion ou est-ce surtout un encouragement à la création ?
J’ai tendance à regarder pour l’instant plutôt le côté positif : il y a une forte demande, une multiplication de l’offre, ce qui génère un dynamisme de l’industrie dont peuvent bénéficier les producteurs, les auteurs, etc. Mais il est vrai que c’est difficile de s’y retrouver dans cette offre pléthorique. Je pense que les contenus vont petit à petit se segmenter en fonction des publics et des diffuseurs et que, de cette manière, on retrouvera des identités éditoriales qui se démarquent davantage. Le public pourra lors faire son choix entre plusieurs diffuseurs parce qu’aujourd’hui il est vrai qu’il faudrait s’abonner à tellement de plateformes et suivre tellement de chaînes que c’est impossible de tout voir.

Vous évoquiez l’abondance des projets de thrillers. Quid d’une certaine tendance au formatage des contenus qui semble s’accroitre chez certains gros diffuseurs ?
C’est vrai qu’il y a une forme de formatage due à la production industrielle, à la chaîne, d’une grande quantité de séries. Mais une belle série un peu originale qui se démarque fait aussi souvent non seulement sa propre notoriété, mais également celle de son diffuseur. Par exemple, HBO qui est un label de qualité souvent pourvoyeur de contenus de très haut niveau, a réussi à créer une marque très identifiée. Mais évidemment, dans la masse, tout n’est pas au même niveau et c’est à nous, les festivals, d’aider les spectateurs à s’y retrouver, à voir ce qui pour nous mérite d’être mis en lumière.

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