email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

LOCARNO 2021 Cineasti del Presente

Elene Naveriani • Réalisatrice de Wet Sand

"La censure, la terreur et le silence ne nous arrêteront pas"

par 

- Le drame de la réalisatrice géorgienne raconte l'histoire d'amour de deux hommes obligés de se cacher pendant des décennies

Elene Naveriani  • Réalisatrice de Wet Sand
(© Locarno Film Festival/Ti-Press/Samuel Golay)

La réalisatrice géorgienne Elene Naveriani a présenté son premier long-métrage Wet Sand [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Elene Naveriani
fiche film
]
au Festival de Locarno dans la section Cineasti del Presente. Elle raconte une histoire d'amour à plusieurs niveaux et créée des personnages complexes et touchants. Nous avons demandé à la réalisatrice où elle avait puisé son inspiration pour le film et comment elle avait conçu l’esthétique de Wet Sand.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Cineuropa : D'où vient l'inspiration pour cette histoire ?
Elene Naveriani : Je me suis inspirée de la vie quotidienne, des événements et de la situation sociale et politique qui nous entoure actuellement dans le monde. La genèse du projet et l’idée même du scénario viennent du scénariste Sandro Naveriani. Nous avons développé et travaillé sur le scénario ensemble.

Quelle est votre expérience avec la Géorgie rurale ? Quelle relation entretenez-vous avec ce pays ?
Je suis liée à la Géorgie, qu'elle soit rurale ou non. L'histoire se déroule dans un petit village, et nous avons choisi cet endroit parce que nous voulions montrer une microsociété. Le village n'a pas été choisi pour ses caractéristiques rurales, il a été choisi pour sa fermeture et ses aspects cinématographiques. Cette histoire peut se dérouler n'importe où, même en ville, même si les petits lieux exposent les problèmes facilement.

Quelle est la situation actuelle des couples homosexuels en Géorgie ?
Je dirais même qu'il s'agit d'une communauté "queer" qui inclut une grande diversité, pas seulement des préférences sexuelles. Le film suggère également qu’il y a une tolérance dans l’amour et que celui-ci ne se laisse pas enfermer dans les cadres que la société nous a donnés. Malheureusement, les discours politiques et religieux actuels en Géorgie ne permettent pas d’assurer la protection de la communauté LGBTQ+. L'État refuse de défendre nos droits et nous laisse sans protection. Les forces politiques nous condamnent également à mourir. Mais il y a des milliers de personnes qui se battent pour leurs droits et nous nous battrons jusqu'à la fin. La censure, la terreur et le silence ne nous arrêteront pas.

Vous vous concentrez sur quelques lieux pour raconter l'histoire. Ce choix était-il clair depuis le départ ?
Oui, le lieu a été choisi dès le début. Donc, tout au long du processus d'écriture, nous connaissions déjà tous les endroits montrés dans le film. Pendant l'écriture, j'aime voir le rythme, les couleurs, la lumière, l'atmosphère et les autres éléments présents dans le film. Cela m'aide considérablement à mieux imaginer l'histoire et les personnages. Le lieu est le personnage de la narration, il faut donc un casting très précis.

Comment avez-vous développé le concept visuel du film ?
Nous avons gardé beaucoup de détails de ce que le lieu nous offrait. Des maisons autrefois superbes et lumineuses ont disparu et se sont effacées sous le soleil. Nous voulions transmettre ce que nous avons ressenti lorsque nous avons visité le village, à savoir que les choses disparaissent. Elles disparaissent si on ne les entretient pas.

D'où est venue l'inspiration pour la musique que vous avez utilisée dans le film ?
Ça vient de moi. Quand j'écris, j'ai une liste de sons et de musiques qui rendent les personnages plus profonds. Chaque personnage a sa chanson intérieure, parfois on l'entend, parfois non. Le son est ma plus grande passion, donc le choix de la musique est fondamental pour moi.

Comment avez-vous choisi les acteurs du film ?
Certains d'entre eux viennent du théâtre, d'autres sont des habitants du village, mais qu'il s'agisse de leur premier ou de leur dernier rôle, ils ont tout donné au film, en particulier leur amour et leur courage. Les deux principaux acteurs sont non-professionnels. Gia Agumava, qui joue le rôle d'Amnon, a récemment remporté le prix du meilleur acteur à Locarno. Nous sommes fiers de lui. Il a osé jouer dans un film dont il savait qu'il pourrait par la suite lui attirer des ennuis dans la vie quotidienne. Mais tous les acteurs qui ont joué dans le film étaient conscients et désireux d'en faire partie. Ils savaient que nous évoquions une chose qui avait été passée sous silence pendant des générations. Leur courage et leur soutien tout au long du processus ont été très importants.

Comment pensez-vous que le public géorgien réagira au film ?
Je ne sais pas. Certains vont aimer, d'autres non. Ce sera la même chose partout, pas seulement en Géorgie. Je n'attends rien de particulier. Le film est sorti et fait maintenant sa vie. Il sera aimé ou rejeté, apprécié ou ignoré. C'est comme la vie.

Quels ont été les plus grands défis pour réaliser ce film ?
Le plus grand défi a été de rester fidèle à soi-même et à toute l'équipe.

A-t-il été difficile d'obtenir le financement du film ?
Non, ça ne l’a pas été. Nous avons reçu des fonds importants de la Suisse et nous avons beaucoup apprécié le projet. En Géorgie aussi, nous avons été soutenus. Même si aujourd'hui, il pourrait être beaucoup plus difficile d'obtenir ces fonds en Géorgie parce qu'il y a une plus grande censure sur la culture.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy