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CANNES 2021 Compétition

Juho Kuosmanen • Réalisateur de Compartiment N°6

“J’aime toujours me souvenir de cette excellente règle qu’une sage personne du milieu du film m’a dite : essaie de mentir le moins possible”

par 

- CANNES 2021 : Le réalisateur finlandais nous parle de son nouveau film, après Olli Mäki, Prix Un Certain Regard en 2016

Juho Kuosmanen  • Réalisateur de Compartiment N°6
(© Henri Vares)

Après Olli Mäki [+lire aussi :
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, gagnant du Prix Un Certain Regard en 2016, le réalisateur finlandais Juho Kuosmanen gravit un échelon supplémentaire sur l'échelle du cinéma d'auteur avec son nouveau film, Compartiment N°6 [+lire aussi :
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, sélectionné en compétition au Festival de Cannes.

Cineuropa : Qu’est-ce qui vous a plu dans le roman de Rosa Liksom pour que vous ayez envie d’en faire un film ?
Juho Kuosmanen :
Je pense que les points de départ ont été le décor, le train, la Russie et la connexion humaine entre ces deux personnages très différents. Le livre a une héroïne finlandaise, donc en tant que Finlandais, je me suis dit que j'étais légitime. J’étais fasciné d'avoir la possibilité de faire un film sur le sol russe. C’est un pays que j’ai visité de nombreuses fois, notamment en train jusqu'à Saint-Pétersbourg, Moscou, et même Oulan-Bator, donc j’ai vu un bon bout de ce pays. J’aime son allure, j’aime les gens, j’aime les trains, et j’aime vraiment beaucoup les films qui se passent dans des trains.

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En parlant d'Oulan-Bator, c’est justement là que Laura, l’héroïne, se rend dans le livre. C’est une des choses que vous avez changées dans le film, où elle va à Mourmansk. Pourquoi ce changement ?
Eh bien, j’aime dire que Compartiment N°6 le film est inspiré de Compartiment N°6 le livre, au lieu de le considérer comme une adaptation. Sur le choix de Mourmansk, je trouvais que le froid et la proximité de la mer en faisait un endroit où on respire bien. Je me suis dit que si on terminait le film tout là-bas, en Mongolie, même si on y trouve des paysages immenses et impressionnants, c’est avant tout du sable, et mon sentiment était qu'il fallait beaucoup d’air et de lumière à la fin, quelque chose de rafraîchissant. Nous avons fait des repérages à Oulan-Bator en préparant le film, mais nous avons aussi enquêté sur l'itinéraire Mourmansk pour voir si ça pouvait passer pour la ligne du Transsibérien. Et puis on s'est dit, tout simplement : si on filme cet itinéraire, pourquoi le faire passer pour un autre ? Pour moi, l’histoire ne traite pas d'un endroit en particulier, elle traite d’un long parcours. Et j’aime toujours me souvenir de cette excellente règle qu’une sage personne du milieu du film m’a dite : essaie de mentir le moins possible.

A-t-il été facile d’obtenir la permission de tourner sur le train, dans les gares, etc. ?
Ça a été extrêmement difficile. Pas pour moi personnellement, pendant le tournage, mais pour le responsable des repérages, le producteur exécutif et leurs collègues. Ils ont dû travailler avec les autorités des chemins de fer russes, demander la permission de louer le train, d’utiliser leurs voies, et obtenir d'eux qu'ils programment tout cela pour nous. Au début, les producteurs russes nous ont déconseillé de procéder ainsi ; ils pensaient que l’idée était tout simplement stupide, ce que je comprends tout à fait de leur point de vue. En revanche, le mien est que je ne suis pas fana du contrôle absolu : j’aime avoir un plan, mais j’aime aussi voir ce que je peux faire ressortir, à partir de ce plan, sur le moment.

L’histoire du livre se passe pendant l'ère soviétique, mais vous l’avez avancée un peu dans le temps : elle se passe en Russie. Pourquoi ce changement ?
De nouveau : il faut essayer de mentir le moins possible. Nous aurions dû reconstruire un décor soviétique. De la manière de faire que nous avons choisie, nous pouvions simplement montrer les choses telles qu’elles sont encore, grosso modo, aujourd’hui. Par ailleurs, pour moi, le libre traite de l’Union soviétique comme un état d’esprit, plutôt que comme un pays, et je voulais moi aussi éviter ce cadre géographico-politique, dont je pense qu’il aurait détourné l'attention de ce qui compte ici. Ce que je veux que vous voyiez dans le film, ce sont deux êtres humains, sans commentaire thématique sur l’époque ni l’endroit.

Les conducteurs de train sont-ils aussi ronchons maintenant qu’ils l'étaient à l’époque, enfin c'est ce qu'on dirait ?
Oui, on peut le dire, mais c'est en train de changer. Récemment j’ai acheté un ticket dans le métro de Moscou, et la personne au guichet m'a souri !

Est-ce qu’il y a un dénominateur commun dans les histoires que vous choisissez de raconter ?
L'humour, je pense. Et un amour pour les vrais gens, aussi maladroits et imparfaits qu'ils puissent être. Pas d’opinions, pas de message, mais c’est la manière dont je vois le monde, et donc c'est ainsi que je le montre. Je vais de nouveau montrer ça dans mon prochain film, mais différemment.

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(Traduit de l'anglais)

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