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Allemagne

Benjamin Martins • Réalisateur de The Shadow Hour

“Je veux rendre visible ce qu’on ne peut voir et ce qu’il y a derrière les gens”

par 

- Cette année, aux Prix First Steps Awards, le jeune réalisateur allemand a reçu le prix du meilleur long-métrage

Benjamin Martins  • Réalisateur de The Shadow Hour
(© Nils Schwarz)

Une fois par an ont lieu les First Steps Awards. Ils sont destinés à mettre en avant la nouvelle génération de cinéastes allemands dans différentes catégories, parmi lesquelles les courts métrages, l'écriture de scénarios, la direction de la photographie et, bien sûr, la réalisation. Benjamin Martins était l’un des trois nommés dans la catégorie meilleure production de long métrage. C’est avec son drame existentiel The Shadow Hour [+lire aussi :
critique
interview : Benjamin Martins
fiche film
]
qu’il a remporté le prix. Le film raconte l’histoire de Jochen Klepper, un auteur marié à une femme juive sous le troisième Reich, qui a choisi de mettre fin à ses jours pour échapper à la déportation. Le film s’inspire du journal intime de Klepper. Nous avons discuté avec le réalisateur de son implication dans l’histoire et des difficultés qu’il a dû surmonter pour réaliser ce film.

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Cineuropa : Pourquoi raconter cette histoire était-il si important pour vous ?
Benjamin Martins
: C’est en 2009 que j’ai entendu parler de l’écrivain Jochen Klepper. Son destin m’a beaucoup ému et m’a toujours accompagné. Il y a deux raisons pour lesquelles je voulais raconter cette histoire. Tout d’abord, ce n’est qu’à la lecture du journal de Klepper que j’ai pris conscience du nombre de suicides dans ces années-là. On en comptait environ vingt à trente par jour au sein des familles juives. C’est une forme d’extermination que peu de gens connaissent. Pour moi, ce fut un choc et j’ai voulu donner une voix à tous ces disparus. La seconde raison est plus personnelle. Klepper était un homme très religieux et il craignait ce qui l’attendait après la mort. C’est un sentiment que je connais bien et que je voulais évoquer dans le film.

Comment avez-vous développé le concept visuel ?
C’est comme ça que je raconte les histoires. Souvent, les histoires banales collent à la réalité, mais je veux que l’on voie l’invisible et ce qui se cache derrière les personnages.

Où avez-vous tourné les scènes qui se déroulent dans le bureau d’Adolf Eichmann ?
Nous avons longtemps cherché un lieu. Comme le film est au format carré (1 : 1), ce qu’il était facile de faire en studio pour l’appartement du personnage principal et de sa famille s’est avéré plus difficile pour le bureau. Nous avons fini par trouver le lieu adéquat dans les archives de la ville de Spire. C’est là que s’est tournée la plus grande partie du film.

Comment avez-vous trouvé les acteurs du film ?
Nous avons organisé un casting pour certains rôles. Pour d’autres, j’ai pu m’appuyer sur des acteurs que je connaissais déjà. C’est le cas de Christoph Kaiser, par exemple, qui interprète le rôle principal. Une fois que je l’ai convaincu d’abandonner sa longue barbe, sa ressemblance avec Klepper était encore plus évidente. Je connaissais déjà Beate Krist, qui campe la femme de Klepper.

Quel serait votre public idéal pour votre film ?
Compte tenu du contexte politique du film, je crains que le film ne soit pas vu par ceux qui le devraient. Mais pour moi, le film a été un voyage personnel et philosophique, dans lequel j’ai voulu trouver une réponse à la question de la vie après la mort. J’espère que le film sera vu par ceux qui partagent ces réflexions et qu’ils verront qu’ils ne sont pas les seuls à avoir cette crainte.

Quelles ont été les plus grandes difficultés lors la réalisation du film ?
Et bien en fait, tout a été très compliqué. À chaque étape de la production, je me disais que c’était là la plus grande difficulté, mais il y en avait toujours une autre. Faire ce film a été un travail éprouvant, aussi bien du point de vue de l’organisation que des émotions.

Qu’est-ce que le prix First Steps signifie pour vous et votre carrière ?
C’était déjà formidable d’être nommé, car pendant plusieurs semaines, j’ai reçu beaucoup d’attention et j’ai pu participer à tout un tas de manifestations et échanger avec des spécialistes. L’intérêt de certains pour le film et pour ma personne était vraiment génial. J’espère que cela offrira d’autres perspectives à mon prochain film. Cette fois, j’ai quasiment tout fait moi-même, mais pouvoir travailler avec d’autres change la donne.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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