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TRIBECA 2021

Andreas Koefoed • Réalisateur de The Lost Leonardo

“Les humains sentent la nécessité de faire l’expérience de l’art et de l’utiliser pour donner du sens à leur vie”

par 

- Le réalisateur danois a présenté à Tribeca son nouveau documentaire, qui retrace le parcours mouvementé d’un tableau perdu de Léonard de Vinci

Andreas Koefoed  • Réalisateur de The Lost Leonardo
(© Erika Svensson/Sony Pictures Classics)

Avec The Lost Leonardo [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Andreas Koefoed
fiche film
]
, le Danois Andreas Koefoed retrace le voyage passionnant du supposé Salvator Mundi de Leonardo da Vinci dans le monde de l’art et de la politique. Nous l’avons rencontré et avons discuté du concept visuel et des principales difficultés auxquelles il a dû faire face pendant la réalisation du film, qui vient d’être présenté à Tribeca.

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Cineuropa : Comment a commencé l’aventure du film ?
Andreas Koefoed : En 2018, j’ai été contacté par l’un des producteurs du film, qui est aussi un ami. Il m’a parlé de cette histoire incroyable, qui a commencé il y a douze ans et regorgeait d’éléments fascinants, de retournements de situation et de rebondissements. C’est une histoire qui dépasse la fiction, avec des personnages fantastiques. Le point de départ était les deux marchands d’art new-yorkais qui ont accompagné l’œuvre dans son voyage. Puis, d’autres éléments se sont ajoutés, comme l’univers des oligarques et des politiques, qui utilisent l’art pour redorer leur image. Au total, nous avons mis trois ans à faire ce film.

Aviez-vous une expérience du monde de l’art avant ça ? Comment avez-vous entrepris vos recherches ?
Je n’en avais aucune au début. J’ai collaboré avec un critique d’art britannique, qui travaillait sur le projet. Il m’a donné des indications précieuses. À un moment donné, nos chemins se sont séparés et il a écrit un livre sur le sujet de son côté.

Comment cela s’est-il passé avec les différentes personnes interviewées ? Avec la restauratrice et Yves Bouvier, il parait évident que vous les avez rencontrés plusieurs fois. Cela a-t-il été le cas pour les autres ? Les convaincre de parler a-t-il été facile ?
Tout d’abord, il a fallu créer une relation de confiance afin que tout le monde puisse partager son expérience et raconter son histoire. Il fallait qu’ils sentent qu’ils étaient entre de bonnes mains et que nous ne cherchions pas seulement une histoire sensationnelle. Nous avons commencé par une "interview globale" de deux heures avec les personnages principaux. Avec certains, nous avons également mené des entretiens de suivi et des scènes plus actives. Le plus important était de pouvoir suivre le parcours de la restauratrice. Pendant quatre ans, elle a travaillé sur le tableau et était en totale symbiose avec lui, car elle a commencé à travailler dessus peu après la mort de son mari. Elle a essuyé de nombreuses critiques et a dû se battre contre des pouvoirs et des institutions puissantes. Son histoire humaine et intime était essentielle pour montrer les contrastes extrêmes dans l’histoire.

Avez-vous été confronté à des problèmes juridiques ? Certains ont-ils demandé à ne pas figurer dans le film ?
Heureusement non. Mais beaucoup de grandes institutions nous ont fermé leur porte, ce qui a joué un rôle fondamental dans l’histoire du tableau. Les membres de ces institutions ne voulaient pas participer et pensaient qu’il serait préférable de ne rien dire. Cela signifie qu’une partie de la vérité est perdue et que nous n’avons pas pu raconter toute l’histoire. C’est une triste fin pour le film. D’une certaine façon, l’art lui-même est souvent perdu, vaincu par les intérêts de ceux qui détiennent le pouvoir.

Comment avez-vous développé le concept visuel du film ?
Pour les interviews, les gens devaient regarder la caméra. Je voulais qu’il y ait un contact direct et pensais que ce serait plus puissant. Dans la mesure où le tableau aussi regarde directement le spectateur, cela me semblait pertinent. Je me suis inspiré du tableau et de l’art de la Renaissance. Da Vinci était un artiste qui se concentrait à la fois sur les actions et les éléments psychologiques de ses personnages.

Quelles ont été les plus grandes difficultés que vous avez dû surmonter ?
Les portes fermées dont je vous ai parlé, mais en même temps, cela a fait partie de l’histoire. La pandémie nous a empêchés de voyager à notre guise. Associer ces différents récits et les nombreuses histoires a été un véritable défi. Pour pouvoir raconter cette histoire avec plus de détails, le format séries aurait été plus simple.

Quelle est, pour vous, la chose la plus importante que vous ayez apprise en faisant le film ?
Que l’art s’est perdu ! L’expérience de l’art est censée être pure. L’Homme a besoin d’expérimenter l’art et l’utilise pour donner du sens à sa vie. D’une certaine manière, ce besoin est bafoué par l’arrogance des pouvoirs. En outre, je me suis rendu compte que nous aimions tous les contes de fées, et qu’ils nous faisaient perdre notre sens critique. Dans cette histoire, une seule personne a eu dès le début le courage de dire que le tableau n’était pas un original.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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