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SOFIA 2021

Pavel G. Vesnakov • Réalisateur de German Lessons

“Je ne veux pas être un râleur moralisateur qui prétend connaître tous les aspects de la nature humaine”

par 

- Le réalisateur bulgare vient de présenter son premier long-métrage dans le cadre du Festival international du film de Sofia, où il a remporté le Prix spécial du jury et le Prix FIPRESCI

Pavel G. Vesnakov • Réalisateur de German Lessons

Après ses deux récentes victoires au Festival international du film de Sofia dans lequel il a remporté le Prix spécial du jury et le Prix FIPRESCI, nous en avons appris un peu plus sur German Lessons [+lire aussi :
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, coproduction germano-bulgare et premier long-métrage de Pavel G. Vesnakov.

Cineuropa : Les six années passées à travailler sur German Lessons en valaient apparemment la peine, car dans sa forme comme dans ses émotions, le film se révèle être d’une grande maturité. Il évite les pièges classiques du premier film, comme celui d’essayer de tout dire en même temps par exemple. Comment avez-vous réussi à conserver ce ton modéré ?
Pavel G. Vesnakov : En me répétant invariablement qu’à l’inverse des courts-métrages, qui s’apparentent davantage à des sauts en hauteur, les longs-métrages sont comme des marathons dans lesquels l’énergie de l’histoire devrait être répartie plus équitablement, plutôt qu’utilisée dans la première scène. Ne jamais cesser d’écouter mon intuition a également aidé. Au début, j’étais très inspiré par des films comme Baccalauréat [+lire aussi :
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de Cristian Mungiu, et par des scénaristes comme Cristi Puiu et Kelly Reichardt, mais après deux jours de tournage, je me suis débarrassé des idées reçues et j’ai plongé dans l’inconnu.

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Vous avez commencé à travailler sur le film avant d’avoir 30 ans et votre personnage a la cinquantaine. Pourquoi un homme sur le point d'entrer dans l'âge mûr s’intéresse-t-il à un homme à l’orée de la vieillesse ?
J’ai toujours été fasciné par les personnages qui se trouvent dans des situations extrêmes et radicales, à la limite de la réalité. Même si le style et le visuel du film se basent sur une tradition réaliste, je tenais vraiment à ce qu’il y ait une certaine fatalité dans ce qui arrive à Nikola. À son âge et compte tenu de la situation qui est la sienne, tout ou presque est déjà inévitable pour lui. Ce genre de personnage m’aide à affronter mes propres peurs et mes faiblesses et à accepter qu’elles fassent partie intégrante de moi. Par conséquent, en plus de refléter ma propre existence, ce personnage a une autre fonction importante.

Qui est Nikola en fait, une projection personnelle ou plutôt une image collective ?
Tous mes complexes, toutes mes craintes de l’avenir sont projetés dans le personnage de Nikola. Cela s’est fait inconsciemment, mais je pense que de cette façon, j’ai réussi à m’adresser à tous le plus sincèrement possible, que ce soit le public ou ceux qui m’ont aidé à réaliser ce film. Je n’irais pas jusqu’à dire pour autant qu’il y a des éléments autobiographiques dans l’histoire. Je le qualifierais plutôt de prophétique dans le sens où j’ai réalisé à quel point j’avais constamment blessé les gens qui m’entourent.

Avez-vous envisagé l’immigration, comme votre héros ?
Oui, très sérieusement, mais quelque chose m’en a toujours empêché. Je me demande pourtant si je ne suis pas un immigré dans mon propre pays. De temps en temps, j’ai l’impression que je m’exprime clairement, mais alors pourquoi personne ne me comprend ? Le problème vient-il de moi ou le fossé générationnel est-il si grand qu’il en est devenu insurmontable ?

German Lessons est poétique et contemplatif, et en même temps, le montage est précis et le rythme dynamique. Qui sont vos maîtres ?
L’une des rares personnes que j’écoute en matière d’esthétique au cinéma est le cinéaste Milko Lazarov. Au-delà d’être un réalisateur très talentueux, c’est aussi un érudit doté d’un sens inné du style et de la mesure, des qualités rares aujourd’hui. Nos discussions au fil des ans m’ont permis de comprendre que je ne cherchais pas à réaliser des films éducatifs en apprenant aux autres ce qui est bien et ce qui est mal. Je ne veux pas être un râleur moralisateur qui fait comme s’il comprenait tous les côtés de la nature humaine. Au contraire, je préfère l’explorer avec l’aide du public. Et W. G. Sebald est l’un de mes guides spirituels. Je pense que tout ce qu’il a écrit est intelligent, et je relis régulièrement ses livres. Je n’imagine pas la vie sans son œuvre.

Avant cette interview, vous avez dit que vous considérez votre long-métrage comme le premier et le dernier. D’où cela vient-il ?
Je n’en ai aucune idée. Pour être honnête, ce n’est pas la première fois que je ressens cela. Il y a toujours dans mon processus créatif un moment où je remets en question tout ce que je fais, et je me demande si j’ai ce qu’il faut pour faire quoi que ce soit. Je suppose que je suis trop bien élevé, alors que pour survivre dans l’industrie cinématographique, il faut être une sorte de bad boy. J’apprends à le devenir.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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