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BERLINALE 2021 Panorama

Hadas Ben Aroya • Réalisatrice de All Eyes Off Me

“C’est beau, de s’ouvrir”

par 

- BERLINALE 2021 : La réalisatrice israélienne montre que parfois, être vulnérable est le plus dur de tous les challenges

Hadas Ben Aroya  • Réalisatrice de All Eyes Off Me

Dans All Eyes Off Me [+lire aussi :
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interview : Hadas Ben Aroya
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de Hadas Ben Aroya, présenté dans la section Panorama de la Berlinale, Avishag veut essayer quelque chose de nouveau : elle veut que son petit ami Max la frappe pendant le sexe. Et puis il y a Dror, un homme beaucoup plus âgé qu'elle dont elle garde le chien de temps en temps. Ils ont tous des problèmes d’intimité, chacun d’une manière différente, mais peut-être qu'en effet, il vraiment temps d’essayer quelque chose de nouveau.

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Cineuropa : Dans votre film, les gens veulent avoir une attitude ouverte face à tout ce qui peut se présenter sur leur chemin, mais il y a tout de même une résistance, semble-t-il.
Hadas Ben Aroya :
Je vois ce que vous voulez dire. Ce film représente une génération qui essaie d’être téméraire, audacieuse. Ce que j’essaie d’exprimer, et ce que je ressens dans ma vie, c’est qu’il y a un prix à payer quand on est à ce point libéré. On peut prendre des drogues, aller à des fêtes, avoir plusieurs partenaires sexuels, et tout ça c’est très bien, parce qu’on se voit comme une version plus développée de nos parents, disons. Les jeunes gens ne se définissent pas comme gay ou hétéro, ce n'est plus un truc qui se fait, et c'est quelques chose que j’apprécie. On m’interroge continuellement sur les scènes de sexe dans ce film, et je ne comprends pas pourquoi ça continue de poser problème. On fait tout ça, enfin je veux dire, j’espère qu’on fait tout ça !

D'un autre côté, je vois bien qu’on a peur de choses basiques : de dire "je t’aime", d’être sincères et vulnérables. On peut aller dans des zones extrêmes, mais être avec une personne au lit, partager ses sentiments... ça semble la chose la plus difficile de toutes. Je ne suis pas sociologue, mais je crois que mes parents étaient capables de communiquer leurs sentiments, alors qu'ils n’étaient pas capables de faire ce que je fais. Je trouve ce glissement fascinant.

Est-ce pour cela que vous vouliez littéralement montrer ces deux générations en train d'interagir, dans une scène en particulier ? Je dois dire que ça m’a mise mal à l’aise, de voir cette jeune fille avec un type beaucoup plus vieux.
Vous êtes censée ressentir ça : sentir que vous ne devriez pas être là. Ça fait presque grimacer, ça met mal à l’aise, mais on peut aussi s’en remettre : c’est mignon, ce qui leur arrive. Ils ne deviendront pas un couple, c'est évident, et il n'y a rien de romantique là-dedans, ça se situe quelque part entre les deux. C’est juste de l’intimité. Moi aussi je me sens un peu mal à l’aise quand je regarde cette scène, et c’est mon film ! Cela dit, quand quelque chose vous fait réagir, comme ça, c’est un bon signe. L'idée n'était pas de provoquer, ce n’est pas mon truc. Mon intention n'est pas que vous vous sentiez mal à l'aise comme ça, gratuitement. En revanche, si ça se produit parce que vous avez l'impression d'assister à quelque chose qui se passe généralement derrière des portes fermées, eh bien c’est une bonne chose. C’est ce que j’adore, dans le cinéma : prendre ces choses vraiment intimes et les agrandir à l'écran.

Pour ce qui est des fantasmes sexuels, c’est drôle comme la plupart du temps, ce qu’on pense qu’on veut n'est pas ce qu’on veut réellement. On se souvient de La Pianiste [+lire aussi :
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?
En général, je dirais que oui, en effet, il y a toujours un écart entre le fantasme et la réalité, et la plupart des gens ne veulent pas vraiment réaliser leurs fantasmes sexuels dans la vraie vie. J'abordais ça dans mon premier film, mais ici, j'ai essayé de le montrer d’une manière plus complexe. Ce n’est pas qu'Avishag veut se faire mal, et puis il lui fait mal, et elle se sent mal. Ce n’est pas aussi simple. Déjà, ce n'est pas vraiment du BDSM, c’est juste qu'elle veut faire l’expérience de quelque chose d'un peu plus brutal. C’est un jeu, et on joue un personnage. On sait pas ce qu’elle ressent, et elle non plus : a-t-elle vraiment mal ou est-ce qu’elle joue ? Il lui demande : "Tu es ma pute ?", et elle acquiesce, mais ce n’est évidemment pas le cas.

On parle d’intimité, et vous la montrez très bien à l’écran : les voilà assis ensemble, enroulés l’un autour de l’autre, tellement à l'aise. Comment êtes-vous arrivée à obtenir cela ?
J’ai eu de la chance, parce qu'Elisheva Weil est non seulement une actrice merveilleuse, mais c'est aussi une amie à moi. Nous avons en quelque sorte décidé ensemble de qui jouerait Max, car je voulais qu’elle soit attirée par lui. Nous avons rencontré Leib Levin, et là ils se sont mis en couple. Nous l’avons auditionné pour le rôle de son partenaire dans le film et dans la vie [rires].

C’était formidable parce qu’il y avait cette alchimie, cette proximité. Trouver l’intimité n’a pas été dur : ils ont simplement dû l'ajuster parfaitement. Pour Yoav Hait [qui joue Dror], c’était un challenge bien plus grand. C'est lui qui a été le plus courageux ! Nous avons aussi utilisé son embarras dans la scène. D’habitude, c'est la femme qu'on voit demander à l'homme s’il aime son corps ; ici, on a cette personne plus âgée, et un homme en plus, qui se montre vulnérable. J’aime bien montrer des personnages masculins sous un jour différent, parce qu’en Israël, tout le monde est tellement macho. C’est une belle chose, de s'ouvrir comme ça.

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(Traduit de l'anglais)

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