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BERLINALE 2021 Generation

Kateryna Gornostai • Réalisatrice de Jeunesse en sursis

“Chacun des personnages mériterait son propre film”

par 

- BERLINALE 2021 : Entretien avec la réalisatrice ukrainienne sur son premier long-métrage, créé en collaboration avec les jeunes qu’on voit dans le film

Kateryna Gornostai  • Réalisatrice de Jeunesse en sursis
(© Oleksander Roshchyn)

Pour son premier long-métrage, Jeunesse en sursis [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Kateryna Gornostai
fiche film
]
(Stop-Zemlia), l’Ukrainienne Kateryna Gornostai a travaillé sur les personnages avec 25 adolescents, qui ne se connaissaient pas auparavant. À l’occasion de la première du film, projeté dans la section Generation 14plus de la Berlinale cette année, la réalisatrice nous a parlé du processus créatif, de l’histoire et du style visuel du film.

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Cineuropa : Comment avez-vous abordé cette histoire et cet univers adolescent ?
Kateryna Gornostai : Dès le début, cela a été pour moi une véritable expérience. Il ne s’agissait pas, comme c’est le cas généralement, de raconter une histoire par le prisme d’un seul personnage, et je savais que trouver un équilibre entre les deux intrigues serait difficile. Elles ne devaient pas avoir la même importance. Cela s’est avéré encore plus compliqué lorsque nous avons réuni tous les élèves de la classe autour des deux héros. Une envie nouvelle est née : donner la parole à autant de personnages que possible.

Au début, le scénario comptait un grand nombre de personnages. Or pendant le casting, j’ai commencé à me rendre compte qu’ils n’étaient pas ce que je recherchais. Je voulais des personnalités plus intéressantes, susceptibles de former un groupe. Quand les acteurs sont apparus dans le film, ils ont donné vie aux ébauches de personnages du scénario.

Comment avez-vous choisi les jeunes acteurs et comment avez-vous travaillé avec eux ?
Pour recréer cet univers de vie en établissement scolaire, il fallait un groupe classe. Je voulais retrouver un sentiment familier voire une certaine proximité entre eux. Nous avons organisé un casting sauvage qui a attiré plus de 800 personnes, et nous avons fait le tour des écoles de Kiev, car nous nous sommes rendu compte qu’une fille comme Masha, avec cette personnalité et cette timidité-là, n’oserait pas se présenter à un casting. En fin de compte, nous avons rencontré plus de 200 jeunes. C’est ce qui nous a permis de réunir 25 adolescents pendant neuf semaines et de démarrer ce que nous avons appelé le "laboratoire d’études". Nous étions loin de la préparation conventionnelle d’un film, les jeunes ne connaissaient pas le scénario et nous ne faisions aucune répétition à ce stade. Mais nous avons profité de ces moments pour apprendre à mieux nous connaître et nous sommes littéralement tombés sous le charme de ces jeunes.

Au cours de cet atelier, nous avons travaillé la façon de bouger, le placement de la voix et nous avons pratiqué des exercices de théâtre. Nous avons beaucoup travaillé à partir d’histoires personnelles et avons appliqué les règles de la dramaturgie. À l’issue de cet atelier et une fois les rôles et le scénario distribués, j’ai créé un catalogue de personnages et j’ai imaginé l’histoire de chacun des lycéens à partir de leur personnalité et de mon imagination. Ils m’aidaient quelquefois à le faire. Durant les premiers jours de tournage, évoluer dans cet univers, créé de toute pièce, leur paraissait simple, car il n’était pas très différent de ce qu’ils connaissaient et ils savaient quand leur personnage intervenait dans l’histoire et quand il la quittait.

Les entretiens qui entrecoupent l’histoire sont très intéressants : diriez-vous que ce sont des entretiens avec les acteurs ou les personnages ?
Comme notre amitié a commencé avec ces entretiens, je voulais que le tournage se termine de la même façon. Nous avons longuement échangé avec notre monteur Nikon Romanchenko sur la manière d’intégrer autant de matériaux différents dans le film. Nous avons décidé de le faire coûte que coûte et de jouer ensuite avec le montage.

Ma démarche consistait à discuter avec eux au travers des personnages qu’ils incarnaient tout en ayant une conversation franche, comme celles que peuvent avoir deux amis. Mais tout était "réel", nous n’avions ni répliques ni prises supplémentaires, juste une conversation. Je peux dire que la teneur de ces échanges est entre la fiction et la réalité. Ce sont les acteurs qui ont décidé de ce qui était vrai ou pas. Mais je les remercie, car il y a au bout du compte beaucoup de sincérité dans ces entretiens.

Comment avez-vous développé l’esthétique du film ?
Nous avons commencé par rechercher "notre école". Nous avons exploré Kiev et sa banlieue, mais nous avons finalement décidé de combiner plusieurs endroits pour créer notre propre école. Nous avons beaucoup parlé des différences dans les intérieurs que nous souhaitions mettre en place : les classes un peu vides et neutres contrairement aux chambres très colorées des ados. Le chef décorateur Maxym Nimenko s’est efforcé de trouver tout ce qu’il pouvait pour combler l’espace.

Quant au travail de caméra, je collabore avec Oleksandr Roshchyn depuis longtemps au cinéma. Je lui fais confiance et j’aime sa vision du monde. Même si nous avions pensé le film au préalable, c’est lui qui avait la responsabilité de la plus grande partie de l’esthétique du film. J’ai beaucoup de chance de travailler avec une telle équipe.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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