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IFFR 2021 Compétition Big Screen

Dāvis Sīmanis • Réalisateur de The Year Before the War

“Dès le départ, j’ai voulu me concentrer sur un style visuel éclectique”

par 

- Nous avons discuté avec le réalisateur letton, qui a présenté son troisième long-métrage au Festival international du film de Rotterdam

Dāvis Sīmanis • Réalisateur de The Year Before the War

The Year Before the War [+lire aussi :
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interview : Dāvis Sīmanis
fiche film
]
, qui est le troisième long-métrage du réalisateur letton Dāvis Sīmanis, a fait sa première dans le cadre de la compétition Big Screen du Festival international du film de Rotterdam.  Ce récit en noir et blanc situé en 1913, un an avant le début de la Première Guerre mondiale, a été inspiré par la figure emblématique de Peter, un héros letton. Sīmanis nous en dit plus sur son approche esthétique pour ce film et sur ce qui lui a inspiré ce personnage principal.

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Cineuropa : C'est la troisième fois que vous faites un film qui se passe en temps de guerre. Qu’est-ce qui vous fascine dans ce genre de périodes historiques ?
Davis Simanis :
Ce sont des périodes critiques qui font figure de tests pour la civilisation. La vie prend une forme d’existence extrême. La nature des relations ressort de manière radicale, dans son essence la plus pure. Ce qui m’intéresse, c’est de montrer des personnages qui ne sont pas seulement confrontés avec une guerre qui est à l’extérieur, mais à l'intérieur de qui d'autres combats se jouent, en plus. Si je voulais raconter une histoire qui se passe dans le présent, j’aurais du mal à trouver de l’inspiration. Je pense que les récits dramatiques sont plus durs à trouver de nos jours. Je remarque chez les gens une certaine lassitude par rapport à leurs vies, mais aucune participation intensive à la vie elle-même. Je me verrais donc contraint de raconter des histoires sur l’ennui.

Qu'est-ce qui vous a inspiré cette histoire ?
1913 est une année faite d'extrêmes. La rationalité humaine fait place à l'irrationalité. C’est une période où la folie règne. J’ai été inspiré par l’histoire d'un anarchiste letton qui a vraiment existé, mais dont la vie est matière à spéculation. On n'en sait pas beaucoup sur lui. Je voulais recomposer une version de ce personnage et le faire interagir avec les gens qu’il a peut-être rencontrés.

La manière dont vous mélangez plusieurs langues dans le film est très intéressante. Qu’est-ce qui vous a plu dans cet aspect ?
C'est l'irrationnalité qui a conduit à la guerre. Les gens ont manqué l’occasion de se comprendre les uns les autres. Même s'ils communiquaient dans différentes langues, ils n'y sont pas parvenus. Pour moi, c'est une sorte de contradiction. Est-ce que les conflits sont survenus parce qu’il y avait toutes ces langues différentes ? Est-ce un mystérieux cas de force majeure qui a conduit à une incompréhension inévitable en Europe ?

Quel langage visuel avez-vous choisi d’adopter ?
Dès le départ, je voulais rester sur un style visuel électique. Le film rend, dans un sens, hommage aux films en noir et blanc – pas nécessairement les films muets, mais les films qui ont été produits avant la Seconde Guerre mondiale. La caméra tenue à l’épaule représente les tourments intérieurs du personnage, et les plans plus statiques avec des images plus calmes surviennent quand il est plus détendu. Je voulais trouver un équilibre entre ces deux extrêmes.

Pourquoi était-il important pour vous de tourner le film en noir et blanc ?
Le noir et blanc donne au film une certaine unité malgré le récit non linéaire et l’expérience kaléidoscopique que son histoire représente. De surcroît, cela souligne le contexte historique en plus d'être un hommage aux films en noir et blanc. Le noir et blanc met aussi en avant, à mon avis, le sentiment de solitude du personnage principal. Il n’est presque jamais seul, il est toujours entouré par des gens, et pourtant il se sent seul.

Les interprétations, ainsi que les maquillages, renvoient aussi au cinéma muet. Pourquoi avez-vous opté pour un mode d’expression plus excentrique ?
Je voulais obtenir un contraste entre le personnage central et les gens autour de lui. Ils pourraient être ses alter egos, des alter egos plus extravertis et excentriques.

Un des thèmes du film est l'identité. Qu’est-ce qui vous intéressait en particulier à ce niveau-là ?
Je vois mon personnage principal comme quelqu’un qu'on pourrait qualifier d'"homme sans qualités" comme dans le roman de Robert Musil, un type terre à terre qui est susceptible d’être manipulé et impressionnable. Étant confronté à la guerre, et donc à sa propre mort, il se met à s’interroger, comme beaucoup de gens le feraient je suppose, sur qui il est vraiment. Beaucoup de gens qui, à un moment de leur vie, ont réussi quelque chose de grand, ne pensaient pas nécessairement à eux-mêmes comme étant exactement les personnes qu'ils allaient devenir. J'imagine mon personnage regardant en arrière et se retrouvant étonné d'avoir donné lieu à la création d'un régime idéologique.

Vous semblez aimer l’humour absurde et le surréalisme. Y a-t-il des réalisateurs en particulier qui vous inspirent ?
C’est déjà la deuxième fois que j’utilise ces éléments. J’aime l'humour noir et j’ai poussé encore plus ce film dans cette direction. Il y a plusieurs grands noms qui m’inspirent, mais si je devais les citer, je dirais que Guy Maddin et Jan Švankmajer sont parmi les plus importants pour moi.

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(Traduit de l'anglais)

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