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JIHLAVA 2020

Jan Gogola Jr. • Réalisateur d'Eternal Jožo

“Ce film montre que même dans notre société brisée, on peut encore se parler”

par 

- Nous avons discuté avec le réalisateur d'Eternal Jožo, Jan Gogola Jr., sur l’idée d’explorer le côté spirituel d’une pop star

Jan Gogola Jr. • Réalisateur d'Eternal Jožo
Le réalisateur Jan Gogola Jr. (à droite) à Jožo Ráž (© Ladislav Cmíral)

Présenté en avant-première dans la section Czech Joy du Festival de Ji. hlava, Eternal Jožo [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Jan Gogola Jr.
fiche film
]
, Jan Gogola Jr dresse un portrait détaillé de Jožo Ráž, chanteur slovaque et co-fondateur du groupe populaire Elán. Il évoque les succès et les échecs passés de l’artiste, notamment l’accident qui lui a laissé de graves séquelles, mais surtout sa quête de Dieu. Sans oublier son amour des Schtroumpfs.

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Cineuropa : Il est inutile de présenter Jožo Ráž au public tchèque ou slovaque, mais que représente-t-il pour vous, personnellement ? Parce que vous le mettez dans des situations inconfortables dans le film.
Jan Gogola Jr : Quand je travaille, je veux toujours découvrir des choses que personne ne connait. Je veux, si l’on peut dire, que mes films soient une expérience visible de quelque chose d’invisible. Du moins avant. Quand on pense aux musiciens, on ignore toujours ce niveau spirituel. Le thème principal est "la métaphysique civile", je voulais évoquer l’ensemble des sujets importants comme la mort, Dieu, la religion et le mysticisme. Mais je ne souhaitais pas en parler avec un philosophe ou un quelconque prêtre, mais plutôt avec une pop-star. Le philosophe français Gilles Deleuze a un jour déclaré qu’il voulait laisser le contexte académique derrière lui, et c’est également ce que j’ai voulu faire. Concernant Jožo, son groupe Elán était le groupe tchèque le plus important de la République slovaque, et je pense que ce film pourrait être intéressant pour les autres membres du groupe ou pour leurs fans. Personne ne l’attend sur ce terrain.

Il aime pourtant en parler, même si c’est difficile. À un moment donné, il affirme : "le temps n’existe pas" pour finir par entendre "mais nous aller à la cérémonie de remise des prix". Est-il seul dans cette quête ?
Nous ne sommes que de passage, toujours. C’est un cliché, mais il le sait. Il est seul, oui. C’est une pop-star et quelqu’un de très controversé, ce qu’il’éloigne de la société. Notre film tente, d’une certaine façon, de lui donner un ami. Je voulais me rapprocher de lui. Je lui ai apporté du chocolat chaud une fois, parce que cela lui rappelait sa mère, et au même moment, sa secrétaire nous a apporté un chocolat chaud. Ce moment m’a montré qu’il était à la fois seul, mais en même temps pas vraiment.

Et vous le confrontez pourtant à son passé, vous lui demandez les raisons pour lesquelles il n’a jamais abordé ce qui se passait dans son pays sur le plan politique. Ce à quoi il a répondu : "j’ai chanté sur le sujet."
Dans le film, nous le voyons se confier sur des sujets assez personnels, sa mère par exemple. Il est capable d’assumer son ego avec humour. Je ne voulais pas faire un biopic, mais plutôt le voir confronté à ces situations inattendues et montrer que Jožo vit en accord avec ce qu’il prêche.

Concernant ses positions controversées, il a souvent dit que sous le régime communiste, même avant 1989, les choses allaient mieux que maintenant. À mes yeux, c’est du n’importe quoi. Mais ce qui était important, c’était d’aborder ces sujets. Il a fini par dire qu’il était contre la violence, et c’était important. Parce qu’il a soutenu l’ancien Premier ministre Vladimír Mečiar, qui était derrière le kidnapping du fils de l’ancien président (Michal Kováč). Je lui ai demandé "Jožo, quelqu’un peut-il organiser l’enlèvement du fils de son opposant politique ?! " Sa réponse a été que ce n’était pas une bonne décision, chose que nous ne l’avions pas entendu dire avant. Cela prouve que dans notre société malade, le dialogue est encore possible.

Il ne possède ni téléphone portable ni carte de crédit. Il ne répond même pas au téléphone au bureau ! Il semble heureux d’être loin de tout ça, donc l’idée d’avoir une caméra qui le suive partout a dû lui paraître bizarre.
Je dois avouer qu’au début, il ne voulait pas faire le film. Je lui ai dit : "Jožo, tu penses à Dieu. Ta vision de l’univers, la façon dont tu dis que le néant est tout et que tout n’est rien, est une chose importante. " De cette façon, nous pouvons voir que chacun de nous peut adhérer à une certaine spiritualité dans sa vie.

Il y a des années de cela, je l’ai interviewé pour un magasine avec mon ami, et nous n’avons pour cela utilisé que des paroles des chansons du groupe Elán. Il a beaucoup apprécié. Ce qui devait ne durer qu’une heure en a pris deux et ça a été le début de notre relation, je pense. Il a compris que, pour moi, la philosophie de son groupe et de ses chansons est très importante. Nous nous sentions déjà très proches, à cette époque-là.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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