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VENISE 2020 Orizzonti

Uberto Pasolini • Réalisateur de Un endroit comme un autre

“La mort est ce qui rend la vie importante”

par 

- VENISE 2020 : Nous avons discuté avec le producteur encensé devenu réalisateur Uberto Pasolini à propos du film qui marque son retour à Venise, Un endroit comme un autre

Uberto Pasolini • Réalisateur de Un endroit comme un autre
(© La Biennale di Venezia/Foto ASAC/Andrea Avezzù)

Après Une belle fin [+lire aussi :
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interview : Uberto Pasolini
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(2013), Uberto Pasolini a de nouveau été invité à la Mostra de Venise, cette fois avec le film Un endroit comme un autre [+lire aussi :
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interview : Uberto Pasolini
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, sélectionné dans la section Orizzonti, dont le personnage central est un père célibataire atteint d'une maladie terminale qui essaie de trouver une famille pour son jeune fils après sa mort.

Cineuropa : La dernière fois que nous avons discuté, c'était à propos d'Une belle fin, et vous avez dit que c’était un film sur la vie et pas sur la mort. Vous pourriez à présent redire à peu près la même chose, non ?
Uberto Pasolini :
Ce film parle d'accepter la mort, d’une certaine manière, mais il parle de deux personnages, pas un seul. On entre dans l’histoire (même si ce n'est pas nécessairement comme ça qu'on la termine) en adoptant la perspective du père, c’est-à-dire qu'on voit comment il gère ce qui se passe et comment il le cache à son fils. C’est un parcours pour mieux comprendre ses obligations vis-à-vis de lui, et de la nécessité de le préparer à un avenir différent. Donc oui, le film parle de la vie, mais c’est la mort qui la rend importante. Cette histoire est juste un exemple extrême de cela, un exemple que j’ai de nouveau trouvé en lisant le journal.

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Vous montrez l’absurdité du processus d’adoption : il doit prendre la plus grosse décision de sa vie à partir d’une rencontre très courte. On ne sait pas si ces parents potentiels sont en train de jouer la comédie ou s'ils sont dans un mauvais jour.
Je dois souligner que cette situation est assez rare. Normalement, qu’on parle d’adoption ou de famille d’accueil, le parent n’est pas impliqué. Soit les parents sont morts, soit l’enfant leur a été retiré, de sorte que les décisions sont prises par des agences ou des assistants sociaux. Cette fois, John est impliqué dans l'opération, mais il est mourant. La mère de son fils est partie, donc la responsabilité de cette décision lui revient entièrement. C’est très bizarre, très difficile, et j’espère que ce parcours le reflète. Comme je voyais les choses, au début, il a une image très claire de ce qu’il veut pour son enfant et puis graduellement, il se rend compte que ce qui est réellement mieux pour l'enfant ne correspond peut-être pas à ce qu'il envisageait au départ.

Il doit aussi décider s'il veut que son fils sache qu'il a existé, ne serait-ce qu'à travers une "boîte souvenir", où les gens laissent des choses à leurs enfants en souvenir d'eux.
L'idée, c'est qu'à un moment, l'enfant aura le droit de savoir qui étaient ses parents biologiques, et que s'il en manifeste le désir, il faut l'aider dans cette démarche. Ça permet à l'enfant, entretemps devenu adulte, de comprendre d'où il vient. Mais quand on rencontre ce duo pour la première fois, John veut que son fils poursuivre sa vie sans se retourner. Au début, il pense que c'est mieux s'il oublie ce qui s'est passé.

Quand j’ai découvert cet article, j’étais aussi intéressé par les raisons pour lesquelles les gens adoptent et la manière dont ils peuvent prendre ce genre de décision. J’ai lu des tonnes de choses, j'ai interviewé des gens, c’est comme un mariage, parfois : vous aimez quelqu’un ou vous ne l’aimez pas. Bien sûr, ils sont vérifiés par les agences, donc ce ne sont pas de mauvaises gens, mais ce sont des gens différents entre eux, avec des motivations différentes.

Vous semblez avoir la capacité d’obtenir des performances très tendres. C’était le cas avec Eddie Marsan, c'est le cas maintenant avec James Norton. Comment vous y prenez-vous ?
Il suffit de prendre un acteur formidable (rires). Et puis d'opter pour une performance sous-jouée, sans exagération, parce que je n’aime pas le mélodrame. En gardant les choses à l’intérieur, en rendant ce qui est dramatique sur le papier peu dramatique à l’écran, ça gagne en puissance. C’est ce que j’aime en termes de ton : j’aime les choses douces, qui vous prennent par surprise. Plus la situation est dramatique, plus je baisse le volume. Plus le volume est bas, plus on se rapproche de celui qui parle, et les choses vous pénètrent davantage.

John est plus quelqu’un qui écoute qu’un moulin à paroles, mais vous lui donnez une scène où il s’ouvre.
Comme avec le John May d'Eddie Marsan [dans Une belle fin], Ce sont des individus qui ne s'expriment pas beaucoup et qui mènent, chacun à sa manière, des vies solitaires. L’un se dédie entièrement à son travail, l’autre à son fils. C’est là que leur monde se termine, d'une certaine manière. Et puis soudain ils s’ouvrent, comme quand John se met en quête de parents. Dans la scène à laquelle vous vous référez, il exprime des doutes sur sa capacité à prendre une décision. C’est une chose très courageuse à faire, mais c’est un moment de désespoir : tout son drame intérieur remonte à la surface. Il porte un fardeau qui devient de plus en plus lourd, d'autant plus qu'il essaie de préserver l'âme de son enfant. Si vous pouvez le partager, ce fardeau, alors peut-être que c’est plus facile, mais il pense qu’il ne peut pas, du moins pas avec la personne qui compte, à cause de son âge et de l’effet que cela aurait sur lui.

Est-ce que c’était intéressant de montrer un père, plutôt qu’une mère, qui vit une telle situation ?
Dans l’ensemble, les parents célibataires sont souvent des femmes. Les hommes partent, et les femmes ont tendance à rester, dieu merci. Cette situation est particulièrement inhabituelle non seulement parce que c’est lui qui est resté, mais aussi parce qu'il n'a par ailleurs aucune famille sur laquelle s’appuyer. Je peux me rapporter plus facilement aux hommes (les femmes sont pour moi un merveilleux mystère, même à mon âge). Il était plus facile pour moi de me mettre dans le cerveau d’un père, puisque j’en suis un aussi – de trois filles. Un peu de cette expérience a filtré dans le film, je suppose.

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(Traduit de l'anglais)

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