email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

VENISE 2020 Biennale College Cinema

Pedro Collantes • Réalisateur de El arte de volver

"Je voulais décrire la sensation de ne pas être bien synchronisé"

par 

- VENISE 2020 : El arte de volver est le premier long de Pedro Collantes, qui nous a parlé de la difficulté de porter à son terme un projet avec un petit budget, peu de mois et une pandémie en cours

Pedro Collantes • Réalisateur de El arte de volver
(© La Biennale di Venezia/ASAC/Andrea Avezzù)

Pedro Collantes (Madrid, 1980) est arrivé à la Mostra de Venise pour la première de son premier long-métrage, El arte de volver [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Pedro Collantes
fiche film
]
, sélectionné à la deuxième édition du programme Biennale College Cinema. Le réalisateur madrilène, moitié nerveux, moitié ravi, a répondu à nos questions juste avant la présentation de son film sur le Lido.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Cineuropa : Comment êtes-vous entré dans le programme Biennale College Cinema ?
Pedro Collantes :
J’ai envoyé mon projet l'année dernière. Il me paraissait intéressant, parce que j’ai fait sept courts-métrages au fil desquels j’ai progressé en durée et en budget : j’ai commencé par un court de cinq minutes, et le dernier était de 25 minutes, avec un budget et le soutien d’une chaîne de télévision. J’aimais bien l’idée d’un premier long-métrage réalisé dans ces limites de micro-budget et pour le développement et la production duquel on est accompagné. Ça m’a paru une évolution naturelle et un défi que je pouvais relever. Le traitement initial a été sélectionné avec onze autres. Nous nous sommes réunis en octobre l’année dernière, à Venise, pendant dix jours, avec des mentors en scénario et production pour développer les idées de manière pratique. Ceci se passe sur l’île de San Servolo, qui a été pendant des années un asile de fou : ça m’a paru le lieu idéal pour enfermer des gens qui veulent faire des films avec des micro-budgets (rires). Ensuite, on vous renvoie chez vous et vous avez un mois pour écrire une première version du scénario. À partir de là, les quatre finalistes sont sélectionnés qui vont recevoir le financement.

De quelle somme s'agit-il et de combien de temps disposiez-vous pour tourner ?
Ces projets finalistes ont été annoncés en décembre. Chacun reçoit 150 000 €. Au mois de septembre suivant, il faut que le film soit terminé. Ça fait en tout neuf mois, de sorte qu’on ne peut pas perdre une minute.

C'est donc un apprentissage particulièrement intense ?
Une fois qu’on a mis la machine en marche, on ne peut plus freiner. Parfois, les productions normales nécessitent beaucoup de temps, parce que c'est difficile de boucler le financement, la troupe, l’équipe, les calendriers…, mais ici, comme on a une date-limite impossible à déplacer, il faut avancer et chercher des solutions créatives pour tout et ne pas s’arrêter. C’est épuisant, mais très beau. Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de manières, en dehors du programme, de passer d’un traitement à un film terminé projeté en salle en moins d’un an.

Est-ce que vous avez eu plusieurs tuteurs dans le cadre du programme ? Vous souvenez-vous d’un conseil reçu qui vous a été particulièrement utile ?
L’équipe de mentors (fantastique) et très variée et internationale, du scénario à la production, puis (après le tournage) au montage. J’ai monté le film pendant le confinement, avec Mary Stephen, de manière virtuelle : elle est merveilleuse et elle a monté des films d’Éric Rohmer, entre autres grands. Une autre chose m'a beaucoup aidé, ce que m’a dit Mike Ryan, qui a produit des films de Todd Solondz : "le budget, c’est l’esthétique". En l’espèce, il y avait une limite financière, alors il faut trouver l'âme du film et qu’elle puisse rentrer dans ce budget de manière naturelle : l’histoire trouve ainsi sa manière d'exister dans ces limites.

La mise en scène du film est liée aux petites touches qui décrivent progressivement le personnage central.
Exécuter ce projet formel était fondamental ; il n’y a pas de séquences courtes de quelques minutes, on suit vraiment une fille sur des morceaux de vie très longs : une série de rencontres avec différents personnages. La somme de cela donne une vision kaléidoscopique de l’héroïne, à travers le regard que projettent les autres sur elle et la manière dont elle réagit à ce regard.

Pendant ces rencontres, les dialogues sont capitaux : est-ce que vous aimez bien écrire des conversations ?
J’aime beaucoup écrire des dialogues et Daniel Remón m’a aidé en termes de structure, car à ce niveau, j’ai moins d’expérience. Je fais parler les personnages sans savoir où ils vont, et ensuite je dois couper, identifier l’essentiel.

"Revenir" est le verbe le plus employé dans ce premier long-métrage. Que signifie cette importance donnée à ce mot ?
Je m'inspire beaucoup d'expériences de mes amis ou d'expériences personnelles, or en 2008, je suis allé en Norvège et à partir de là, je me suis lancé dans un périple de neuf ans. Ensuite, je suis allé à Amsterdam pour étudier et dans d’autres endroits encore. En 2017, je suis revenu à Madrid et j’ai eu envie de décrire cette sensation de ne pas bien synchronisé : quand on part, du temps s'écoule et les relations continuent à distance de manière irrégulière, de sorte que quand on revient, c'est tout un processus pour re-synchroniser ses relations avec les autres. Je ne sais pas si c’est un phénomène de génération (beaucoup de gens sont partis à cette époque), mais ça peut aussi arriver quand on change de ville, voire sans s'en aller : on parle surtout de l’idée de retrouver des relations, et de la façon dont celles-ci se transforment avec le temps.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'espagnol)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy