email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

VENISE 2020 Hors-compétition

Nathan Grossman • Réalisateur de I Am Greta

“Ce qui est formidable, c’est qu’on ne peut pas mettre en scène ces réactions, il suffit de presser ‘REC’ sur la caméra”

par 

- VENISE 2020 : Nous avons discuté avec Nathan Grossman de son film I Am Greta, qui a fait sa première mondiale en compétition, et du personnage-phénomène mondial qui en est le centre

Nathan Grossman • Réalisateur de I Am Greta
(© La Biennale di Venezia/Foto ASAC/Giorgio Zucchiatti)

Présenté en avant-première hors compétition à la Mostra de Venise, Greta [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Nathan Grossman
fiche film
]
de Nathan Grossman décrit une année extraordinaire dans la vie de Greta Thunberg, qui passe du statut de gréviste pour le climat solitaire à celui de phénomène international.

Cineuropa : Commençons par le commencement, comment se fait-il que le voyage de Greta et celui de votre film aient commencé pratiquement au même moment ?
Nathan Grossman : Un de mes amis réalisateurs, Peter Modestij, avait appris par Malena Ernman, la mère de Greta, que sa fille manifesterait pour le climat devant le Parlement suédois, ce qui était susceptible de l’intéresser. Peter n’est pas vraiment documentariste, il m’en a donc parlé et j’ai décidé d’y consacrer une ou deux journées pour voir si ça pourrait devenir un éventuel court-métrage sur l’activisme climatique. Le premier jour, j’ai commencé par ne pas vraiment la trouver, et puis j’ai vu quelqu’un assis avec une pancarte. Ni plus ni moins.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Quand avez-vous ressenti que ça n’allait pas s’arrêter là ?
Ça a pris assez rapidement à l’extérieur du Parlement : les gens se sont arrêtés et lui ont posé différentes questions, et j’ai remarqué combien ses réponses étaient claires et précises. Je me suis dit : "elle a quelque chose". C’est en novembre que ça a véritablement pris forme, quand des mouvements similaires ont eu lieu dans des pays comme l’Australie et la Belgique. Avant cela, c’était un peu de l’ordre du passe-temps et ça restait assez local, mais à la fin de l’automne, j’ai senti l’élan. Je travaillais à plein temps, tout d’abord sans financement, puis nous avons obtenu le soutien nécessaire.

Le film couvre la période d’août 2018 à septembre 2019. Il n’est donc pas du tout question d’épidémie COVID-19. Avez-vous discuté de cette circonstance bien particulière ou de la manière de la gérer, ou pas du tout ?
Bien sûr. Nous étions loin d’imaginer ce qui nous attendait… Nous avons envisagé de changer la fin, et de tout refaire et de voir si nous pouvions la replacer dans le contexte. Mais après réflexion, vous savez, nous nous sommes dit qu’il y aurait bien un après-coronavirus. Et je suis persuadé que la crise climatique ne va pas disparaître. Elle sera là, en attente, et je voulais faire un film sur ce phénomène spatio-temporel que nous montrons dans le film.

Comment vos rapports avec Greta ont-ils évolué au cours de l’année ?
Dès que j’avais une idée sur la façon de structurer l’histoire, je lui en faisais part et je prenais en compte son avis. Quand nous avons commencé à voyager, nos échanges se sont étoffés et notre relation professionnelle est devenue plus solide. En tant que documentariste, vous devez toujours faire face à des questions éthiques sur ce qu’il convient de filmer ou pas. Dès le début, j’ai été très ouvert avec elle. Je n’ai jamais ajouté de situations. Je l’ai simplement suivie et j’ai pris les choses en main. J’avais toujours ma caméra avec moi pour capturer des moments inattendus, comme quand elle danse. J’ai juste allumé la caméra et voilà. C’était un coup de chance.

Vous montrez également certaines rencontres entre Greta et plusieurs dirigeants éminents, comme Macron, Merkel et le Pape. Vous ont-ils permis d’être là étant donné les règles et les protocoles qui les entourent généralement ?
Je ne le savais jamais à l’avance. La plupart du temps, vous ne savez pas s’ils vont vous laisser filmer. Je pouvais voyager 35 heures dans une voiture électrique, avec l’espoir de capturer une rencontre, et puis…"Stop. Pas de caméra !" C’était certainement la chose la plus difficile dans tout cela. Je pense que le ratio de oui/non a été de 50/50 au final. Nous avons eu Macron, mais pas Obama. Nous avons eu le Pape, mais seulement sous un certain angle, et puis ils sont allés dans un endroit où je n’ai pas été autorisé à filmer. Mais j’aime ce que nous avons obtenu au bout du compte.

C’est vraiment chouette de voir le catalyseur qu’elle était dans ces moments-là. La mettre dans une pièce avec de puissants dirigeants suscite des réactions intéressantes.
Ce qui est formidable, c’est qu’on ne peut pas mettre en scène ces réactions, il suffit de presser "REC" sur la caméra. Tout le temps et toute l’énergie que vous mettez dans un projet comme celui-ci, ici, c’est tout simplement payant. Elle est également très drôle, et charmante et elle le doit à la capacité qu’elle a d’être un catalyseur.

Êtes-vous amis maintenant ?
Aujourd’hui, je la considère comme telle, oui.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy