email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

ICEDOCS 2020

Małgorzata Goliszewska et Katarzyna Mateja • Réalisatrices de Lessons of Love

“Cette histoire est assez universelle pour faire une différence dans la vie des gens”

par 

- Cineuropa a discuté avec Małgorzata Goliszewska et Katarzyna Mateja, les réalisatrices de Lessons of Love, sur la puissance du changement

Małgorzata Goliszewska et Katarzyna Mateja  • Réalisatrices de Lessons of Love
Les réalisatrices Małgorzata Goliszewska et Katarzyna Mateja avec leur personnage central, Jola (au centre), lors de la première mondiale du film à l'IDFA

Au travers de leur documentaire Lessons of Love, présenté au festival IceDocs [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Małgorzata Goliszewska et …
fiche film
]
, les réalisatrices polonaises Małgorzata Goliszewska et Katarzyna Mateja nous racontent l’histoire d’une femme qui, à l’âge de 69 ans, décide de changer de vie. Jola, la protagoniste, arrive à un moment de sa vie où, tout comme Jane Fonda, elle voit son passé et s’imagine un futur, qui, elle le sent, sera magique.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Cineuropa : Vous avez rencontré Jola dans un club de danse pour seniors. Mais pourquoi avez-vous choisi de la suivre elle plutôt qu’un autre, étant donné que son histoire n’était pas encore écrite ?
Małgorzata Goliszewska :
C’est ainsi que commencent tous les documentaires d’observation : on sait pourquoi on veut suivre quelqu’un, mais on ne sait jamais où cela va nous mener. Jola nous a confié que sa première opération chirurgicale pendant son cancer, peu de temps après le décès de sa mère, avait été un déclic : son mari n’en avait rien à faire d’elle ni de sa santé. Elle nous a dit que, en d’autres circonstances, elle n’aurait peut-être pas accepté de faire ce film, mais à ce moment précis, elle avait besoin d’un changement et de faire quelque chose pour elle-même. Notre film lui en a donné l’opportunité.

Katarzyna Mateja : Convaincre Jola n’a pas été difficile, mais avec le temps, elle s’est davantage ouverte aux changements, et à nous. Nous avons vécu beaucoup de choses ensemble et nous sommes devenues très proches : nous avons pu surmonter des situations toujours plus difficiles. Sa vie et notre film ont fini par se confondre : nous l’influencions et Jola nous influençait nous.

Avez-vous été surprises par son honnêteté ou celle de ses amis ? Certains thèmes, tels que la violence conjugale, sont tabous pour cette génération.
K.M. :
Tous les personnages du film ont été honnêtes avec nous. Les personnes âgées en particulier abordaient la violence avec humour, même lorsqu’elles l’ont vécue personnellement pour la plupart. Elles essayaient d’en rire, ce n’était pas un tabou.

M.G. : Jola a une relation incroyable avec ses amis. Elle peut discuter de tous les sujets avec eux. Lorsqu’elle raconte sa vie, c’est comme s’il s’agissait d’une anecdote. C’est peut-être sa façon de digérer la violence, et ce n’est pas étonnant quand on connaît son passé douloureux. Mais nous, on ne voulait pas d’anecdote. On voulait des émotions. Ça n’a pas été une tâche facile, mais ses cours de chant nous ont beaucoup aidées.

J’imagine qu’il y a certains moments pendant le tournage où vous avez eu envie d’intervenir – quand le mari de Jola la réprimande par exemple. Comment gérez-vous ces situations ?
K.M. :
On peut toujours arrêter si nous jugeons que les choses vont trop loin. Bien sûr, il y a des scènes très difficiles à filmer, mais c’est aussi le reflet du monde dans lequel on vit.

M.G. : Si vous voulez réaliser un documentaire authentique, il faut intervenir le moins possible, mais si Jola était en danger, nous nous arrêtions et l’aidions. Elle est plus importante. Nous avions tout de même l’impression que notre présence était déjà une protection en soi. Nous n’avons jamais eu l’intention de choquer par des images violentes, mais il fallait donner un aperçu de ce qu’elle avait vécu pendant 45 ans. Et puis, qui suis-je pour me mêler de leur relation ? Je veux simplement raconter cette histoire.

Dans une scène, Jola avoue qu’on ne l’a jamais prise dans les bras quand elle était enfant et qu’elle a fait la même chose avec ses enfants. On transmet beaucoup de choses d’une génération à l’autre.
M.G. :
J’espère vraiment que ceux qui ont souffert de violence ou de solitude se retrouveront dans le film et qu’ils voient qu’il y a une issue. Peut-être que j’en attends trop, mais je me suis véritablement identifiée à Jola, même si je n’ai pas été victime moi-même de violence conjugale.

K.M. : Elle est une source d’inspiration. Je pense que nos spectateurs, tout comme les personnes du même âge que Jola, vont se rendre compte qu’ils ont en eux le pouvoir de faire changer les choses. D’ailleurs, ces changements ont déjà commencé ! Nous espérons que cette histoire est assez universelle pour toucher les gens et faire une différence.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Martin Boissel)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy