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BERLINALE 2020 Compétition

Ilya Khrzhanovskiy • Réalisateur de DAU. Natasha

"On ne peut pas exploiter les gens de cette manière, parce que ce n'est pas une émission voyeuriste à la Big Brother"

par 

- BERLINALE 2020 : Entretien avec Ilya Khrzhanovskiy, co-réalisateur avec Jekaterina Oertel de DAU. Natasha, en compétition à Berlin

Ilya Khrzhanovskiy  • Réalisateur de DAU. Natasha
(© Phenomen Film)

DAU. Natasha [+lire aussi :
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, en compétition au 70e Festival de Berlin, est le premier long-métrage né du projet DAU, extraordinaire mais polémique à bien des égards, à jouer dans un festival. Les réalisateurs Ilya Khrzhanovsky et Jekaterina Oertel ont généré des polémiques parce que la production des films à l’intérieur du complexe construit pour DAU a impliqué la participation de centaines de personnes qui ont vraiment vécu dans cette reconstitution d'un institut soviétique, pendant plus de deux ans. Cineuropa a interviewé Khrzhanovsky à Berlin, pour tenter de comprendre s’il a exploité ces gens ou pas.

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Cineuropa : Voyez-vous DAU. Natasha comme un film ou comme une partie d’un projet artistique complexe ?
Ilya Khrzhanovskiy :
Vous savez, parce que ce produit parle du monde quantique, tout dépend de la position de l’observateur. On peut le voir comme un projet artistique, et c’est un projet artistique, qui a consisté en la création d'une grande installation avec une performance sur une longue durée. D’un autre côté, c’est un film, parce qu’il raconte des histoires. Nous n'avons filmé que quand nous avons su ce que nous voulions filmer ; nous ne nous sommes pas contentés de filmer des milliers d’heures de métrage sans aucun but. Nous avons discuté de tous les aspects possibles avec les acteurs – même si ces gens ne sont pas des comédiens professionnels, ils sont des acteurs parce qu’ils jouent. Ils vivent dans un monde artificiel et dans le cadre d'un accord entre nous sur ce qu’on fait.

Au moment du projet, on vous a reproché d'exploiter les gens. Avez-vous lu ces critiques ?
Bien sûr, bien sûr, mais pour moi, c’est une réaction compréhensible, et parfois étrange. En partie, je pense que cette réaction s'est manifestée parce que pendant de nombreuses années, nous n’avons pas commenté le projet. Je n’ai pas donné d’interview pendant presque dix ou onze ans. Pour moi, les gens qui ont participé sont des héros, d’une certaine manière. Je dis "héros" parce qu’ils ont investi du temps et de l’émotion pour essayer de créer quelque chose ensemble, par ailleurs on ne peut pas exploiter des gens de cette manière, parce qu'il ne s'agit pas d'une émission voyeuriste à la Big Brother. Ils se préparaient consciemment, passaient du temps dans ce genre d’environnement. Quand le tournage a commencé, on a défini des blocs temporels pendant lesquels nous filmerions et à ce stade, ils étaient censés savoir qu’ils ne pouvaient pas tourner le dos à la caméra. Vous connaissez certaines règles et vous suivez ces règles. Vous savez que parfois, des gens vont venir vers vous, changer vos micros etc. La chose la plus intéressante, c’est que des gens appartenant à des groupes sociaux très différents, avec des visions très différentes de la vie, ont été réunis pour raconter une histoire sur cet univers.

Pourquoi Natasha s'est retrouvée première héroïne du premier long-métrage ?
Nous avions tout simplement envie de commencer avec Natasha ; ça a été une décision commune avec le directeur du Festival de Berlin, Carlo Chatrian. Et on a DAU. Natasha et DAU. Degeneration [+lire aussi :
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, donc deux films. Il s'est dit, et je suis d’accord avec lui, que ces deux films convenaiant bien pour Berlin et pour ce festival, parce que c’est aussi un endroit qui a une certaine histoire, une certaine situation et une certaine tradition. Je pense qu’avec cette combinaison, c’était parfaitement adapté.

Combien de films vont venir encore, est-ce qu'on y reverra Natasha ?
Cinq autres films sont en salle de montage qui seront dévoilés bientôt. Ils racontent des histoires sur l’univers, et dans certains des films, Natasha est là, parfois seulement deux secondes, parfois comme personnage secondaire. Les films représentent juste différents points de vue sur cet univers.

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(Traduit de l'anglais)

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