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BERLINALE 2020 Compétition

Christian Petzold • Réalisateur d'Ondine

"Ondine n'existe qu'à travers les hommes, c'est une affreuse malédiction"

par 

- BERLINALE 2020 : Nous avons interviewé Christian Petzold, le réalisateur d'Ondine, projeté en compétition cette année à Berlin

Christian Petzold •  Réalisateur d'Ondine
(© Marco Krüger/Schramm Film)

Nous avons parlé à l'Allemand Christian Petzold, dont le nouveau film Ondine [+lire aussi :
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a été sélectionné en compétition cette année à Berlin. Le réalisateur y propose une interprétation du mythe de la créature aquatique Ondine qui, à cause d’une malédiction, doit tuer tous les hommes qui lui sont infidèles. Les acteurs principaux du film sont Paula Beer et Franz Rogowski, qui étaient également en tête d’affiche de Transit [+lire aussi :
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, en lice à Berlin l’année dernière.

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Cineuropa : Vous vous êtes inspiré du récit Ondine par Friedrich de la Motte Fouqué. Qu’est-ce qu'il signifie pour vous ?
Christian Petzold
: J’ai étudié la littérature et beaucoup lu dans ma vie. Avec mes enfants, je me suis remis à lire des contes de fées et je leur ai notamment lu l’histoire de La petite sirène. Dans le même temps, j’ai lu un livre de Peter von Matt sur l’amour trahi en littérature, dont un chapitre est dédié à la créature aquatique Ondine. Il cite cette phrase merveilleuse : "J’ai pleuré jusqu’à ce qu’il en meure". Ondine voit cet homme qui l'a trahie et l’enveloppe dans la bulle d’eau qui l'entoure. Il tombe par terre et meurt.

Ondine m’a fait penser à la relation entre les réalisateurs et leurs actrices principales, ou celle qui unit muses et artistes. N’est-ce pas une sorte d’amour trahi perpétuel pour toutes les Ondine de ce monde ? Les hommes ne dominent-ils pas toujours tout ? Non pas qu'Ondine gagne dans l’histoire, car elle doit retourner dans l’eau et attendre que le prochain homme arrive. Elle n’existe qu’à travers les hommes, c’est une affreuse malédiction. Notre histoire tente d’explorer une Ondine qui lutte contre cela. Et puis vient un homme, un prolétaire, un plongeur industriel, qui court-circuite la malédiction. Il ne se doute de rien : il est innocent et pour la première fois, semble la voir sans aucun désir sexuel et sans vouloir la dominer. C’est nouveau pour elle, alors un chemin vers un monde nouveau semble possible.

Quel était l'intention derrière l’idée d’inventer comme métier, pour le personnage féminin, celui de guide historique de la ville ?
D’abord, j’ai écrit un court récit sur Ondine, où elle travaille dans un musée d'art moderne. Le film a pris une forme plus concrète à la fin de tournage de Transit. J’étais triste que nous ayons fini le film et que nous devions nous séparer, alors je me suis dit qu'il me plairait bien d'offrir aux personnages et aux acteurs quelque chose qui serait comme la deuxième partie de l’histoire d’amour qui se joue dans Transit. À la fin de ce film, la femme disparaît dans l’eau, alors je voulais qu'elle ressorte de l'eau et que l'homme s’y immerge pour la chercher. J’étais en train de décrire cela aux acteurs quand j’ai pensé aux petites maquettes de la ville que j’avais vues dans un musée à Berlin. Je pense que cela convient très bien, car Berlin est une ville qui a été fondée sur l'eau.

Qu’est-ce que vous aimez le plus chez Paula Beer et Franz Rogowski ?
Avant Transit, je ne les connaissais pas, et ils ne se connaissaient pas non plus entre eux, mais dès le tout premier moment où ils se sont rencontrés à Marseille, j'ai vu qu'ils avaient presque l'air de deux danseurs, réagissant l’un à l’autre. Ils étaient comme des danseurs qui se rapprochent beaucoup mais qui, comme au tango, maintiennent une certaine distance, ce qui montre le respect qu’ils ont l'un pour l’autre. J’ai aimé chaque jour de tournage avec eux.

Undine est une histoire d’amour, mais vous avez décidé de ne pas montrer de scènes de sexe explicites...
Je n’aime pas les scènes de sexe. Je ne peux pas me souvenir de bonnes scènes de sexe au cinéma, au-delà de Don't Look Now de Nicolas Roeg. Normalement, le sexe se passe dans l'obscurité mais au cinéma, il faut allumer la lumière pour y voir quelque chose. Je pense que dans les scènes de sexe, on est toujours conscient de la présence du réalisateur, or je veux que ces scènes appartiennent aux personnages, pas faire quelque chose qui divertisse le spectateur. Dans Ondine, il s’embrassent sous les couvertures et Ondine les tire au-dessus de sa tête. Ça m’a donné l’impression qu’ils étaient en train de plonger dans l’eau, et que l’orgasme évoquait le fait de couler.

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(Traduit de l'anglais)

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