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GÖTEBORG 2020

Alexandra-Therese Keining • Réalisatrice de The Average Color of the Universe

"Mes films semblent devenir plus calmes à chaque fois"

par 

- Nous avons rencontré la Suédoise Alexandra-Therese Keining pour parler de The Average Color of the Universe, un petit film sur de grands projets

Alexandra-Therese Keining  • Réalisatrice de The Average Color of the Universe
(© Karolina Pajak)

Nous nous sommes entretenus avec la réalisatrice suédoise Alexandra-Therese Keining pour avoir un aperçu de sa façon de réaliser des petits films sur de grands projets, et pour parler de la mince frontière qui sépare deuil et rire, les deux motifs qu'elle explore dans The Average Color of the Universe [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Alexandra-Therese Keining
fiche film
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, au programme à Göteborg.

Cineuropa : The Average Color of the Universe est assez différent de votre film précédent, Girls Lost [+lire aussi :
bande-annonce
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. Comment êtes-vous passée de l'un à l'autre ?

Alexandra-Therese Keining : Après Girls Lost, j'ai eu envie de faire quelque chose de plus petit, quelque chose de court et d'expérimental. Il y a deux ans, j'avais lu un article sur une tentative scientifique consistant à calculer la couleur moyenne de l'univers. Toute ma vie, j'ai été profondément fascinée par les couleurs (ma mère était peintre), comme d'autres peuvent l'être par la musique, par exemple. J'ai été sonnée par la démesure de l'entreprise : l'énormité de l'univers alors que je suis là, si minuscule, dans ce grand mécanisme. Il en est ressorti un concept qui a fini par se mettre en place.

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C'est un film qui parle du deuil tenu secret, mais le récit est d'une grande intégrité. A-t-il été difficile pour vous de le concevoir, a fortiori de le pitcher ?
Mes films semblent devenir plus calmes à chaque fois. Mes scénarios peuvent être toujours aussi verbeux, mais au montage, je coupe beaucoup de dialogues pour que les images parlent d'elles-mêmes. C'est une opération qui me plaît beaucoup et un challenge sympa. L'opération qui a été un peu moins plaisante, c'est de présenter ce film à l'institut cinématographique afin d'obtenir des financements. Ça ne s'est pas très bien passé. La personne qui choisit les projets n'a pas compris mon idée par rapport au sujet du deuil, et trouvait le personnage principal peu attachant. Le film est produit de manière indépendante, et je l'ai tourné en trois jours avec une équipe réduite au minimum : un chef-opérateur, un ingénieur du son et les acteurs, dont mon fils en bas âge. Personne n'a été payé : tout le monde l'a fait pour le bien du projet. Après coup, nous avons obtenu des financements, mais à aucun moment nous n'avons pu compter sur quoi que ce soit d'avance.

Jennie Silfverhjelm, l'actrice principale, porte vraiment le film. Quelle a été son expérience du tournage ?
Elle m'a dit qu'elle n'avait jamais été aussi épuisée après un tournage, qu'elle était tombée dès qu'elle avait posé la tête sur l'oreiller et qu'elle avait dormi comme un bébé. Cela dit, pendant le tournage, elle était à fond. "Refaisons donc une prise, t'inquiète. OK, on passe à quoi après ?", etc. Elle a tout de suite su apprécier le scénario que je lui ai envoyé, qui était plus la description d'un état d'esprit qu'un véritable scénario. Et bien que cela puisse paraître absurde, le tournage a été très joyeux (contrairement au thème abordé). Nous avons beaucoup ri entre les prises et passé les soirées ensemble en nous sentant parfaitement heureux. C'est peut-être parce que le deuil est si proche du rire, dans le sens où le rire est nécessaire pour faire face à la perte d'un être cher – ou, dans le cas de Jennie, pour surmonter le fait de se retourner dans son lit sans pouvoir dormir, en pleurant et en hurlant, ou de déambuler seule à la maison, sans personne avec qui interagir.

Voyez-vous un dénominateur commun entre vos films à ce stade ?
Probablement le fait que je suis guidée par le désir… Après Girls Lost, un agent américain m'a envoyé un tas de propositions, et j'ai trouvé que la plupart étaient nulles. Si je passe trois ans sur quelque chose, il faut que ce soit motivé par du désir. Mais si cet élément n'est pas là, ce sera sans moi. Quant aux thèmes récurrents, je reviens souvent à un ton mélancolique dans mes films. Je suis devenue mère récemment, et cela m'a permis de mieux comprendre mon passé et mon enfance (j'ai perdu mes deux parents très jeune) ; j'ai senti que c'était un bon moment, un moment où je me sentais assez en sécurité, pour digérer le parcours que j'avais fait jusque là. Le deuil tel que je le conçois n'est pas que ténèbres : c'est aussi quelque chose de positif, qui fait partie de votre personnalité.

Vous préparez un projet qui sera votre premier film en anglais. Que pouvez-vous en dire à ce jour ?
Ça s'appelle Paramour, c'est un film pour Sony Pictures. Kristin Scott-Thomas y jouera le rôle de Susanne Klatten, l'héritière de la firme BMW. Le film traitera de sa relation avec le playboy suisse qui a tenté de l'escroquer. Cela fait déjà un moment que le projet est en développement, mais dès que tout sera en place, je vais démarrer au quart de tour. J'ai hâte de travailler en anglais et avec Kristin, qui est assez fabuleuse.

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(Traduit de l'anglais par Alexandre Rousset)

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