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SUNDANCE 2020 World Cinema Documentary Competition

Iryna Tsilyk • Réalisatrice de The Earth Is Blue as an Orange

"Pour un documentaire, il faut passer autant de temps que possible avec les personnages qu'on dépeint"

par 

- Nous avons discuté avec la réalisatrice-scénariste ukrainienne Iryna Tsilyk après la première mondiale de son premier long-métrage documentaire, The Earth Is Blue as an Orange, à Sundance

Iryna Tsilyk  • Réalisatrice de The Earth Is Blue as an Orange
(© Sundance Institute)

Le documentaire The Earth Is Blue as an Orange [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Iryna Tsilyk
fiche film
]
est une production entre la Lituanie et l’Ukraine qui vient d’être présentée dans la section World Cinema Documentary Competition de Sundance, où il a gagné le prix de mise en scène. Dans le film, la réalisatrice et scénariste Iryna Tsilyk dépeint une famille qui vit dans la "zone rouge" du Donbass, des gens courageux qui font face aux difficultés de la vie dans les circonstances plus que difficiles qui sont leur lot sur le théâtre d'une guerre.

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Cineuropa : Comment avez-vous trouvé la famille qu’on voit dans votre film ?
Iryna Tsilyk : Nous avons un projet bénévole très cool en Ukraine, qui s’appelle le "Bus jaune" : des réalisateurs professionnels organisent des camps et ateliers pour les adolescents qui vivent sur les lieux du conflit. Une fois, j’y suis allée comme tutrice et j’ai envisagé de faire un film sur ce formidable projet. Et puis j’ai rencontré deux filles, les sœurs Myroslava et Nastia Trofymchuk, à un des camps. Elles m’ont invitée, avec mon équipe, à leur rendre visite chez elles, dans une petite ville appelée Krasnohorivka [située dans la "zone rouge" du Donbass, une des zones les plus dangereuses et dévastées]. Nous sommes arrivés là et nous sommes tombés amoureux de leur famille. La mère des filles, Hanna, est une mère célibataire. Elle a en tout quatre enfants. En 2014-2015, la famille a dormi dans la cave de leur maison presque toutes les nuits à cause des bombardements. En 2017, le collège où étudiaient les filles a également été bombardé, mais malgré ces circonstances effroyables, cette famille est vraiment joyeuse. Chaque enfant joue d'un instrument de musique différent et ensemble, ils tournent des films amateurs sur eux-mêmes. De plus, Hanna a appris le montage toute seule et ainsi, elle aide ses enfants à faire leurs vidéos. De fait, quand mon chef-opérateur, mon ingénieur du son et moi-même sommes allés là-bas au début, nous nous sommes rendu compte immédiatement que nous pourrions tourner tout un film sur cette famille incroyable.

Êtes-vous encore en contact avec eux ? Que sont devenus les différents membres de cette famille ?
Nous avons toujours des relations très amicales. Mon plus grand rêve était d’inviter Hanna, ainsi que ses enfants, à participer à de grands festivals. Hanna n’est jamais allée à l’étranger, donc je rêve de lui ouvrir des portes vers d’autres mondes. Mais il y a eu des circonstances imprévues : Hanna attend un enfant, elle va être mère pour la cinquième fois ! Donc les festivals vont devoir attendre un petit peu pour le moment. Cela dit, son aînée, Myroslava, est venue à la première mondiale du film à Sundance, avec l’équipe du film. Elle fait à présent des études pour devenir chef-opératrice, donc vous pouvez imaginer comme cela a dû être cool, pour une étudiante, de participer à un festival aussi important.

Combien de temps a duré le tournage ? Avez-vous été en danger à certains moments ?
Nous avons observé cette famille pendant un an. Nous sommes allés à Krasnohorivka des tas de fois, nous avons vécu dans la même maison que nos personnages, et ensuite nous sommes devenus leurs amis, et même comme des membres de la famille. Je me suis rendu compte que pour un documentaire, il faut faire tout son possible pour passer un maximum de temps avec les personnes qu'on dépeint.

Difficile de dire si nous avons été dans une situation de vrai danger. Une nuit, une mine est tombée sur la maison des voisins et une autre équipe de film qui était là a filmé cela. Par ailleurs, je connaissais déjà le Donbass : j'allais souvent sur le front, avant, pour mes performances poétiques, et mon mari a été soldat dans les forces armées ukrainiennes. Aussi, mes films précédents [les courts-métrages documentaires Tayra et Kid] parlaient de femmes qui se battent pendant la guerre. Je me suis habituée aux différents bruits de la guerre. Mais vous savez, là-bas, la sûreté est une affaire de chance. Et par chance, je n’ai jamais vraiment été en danger dans le Donbass.

Est-ce que vous savez ce qu’est devenu le film qu'a fait cette famille ? Y a-t-il une chance qu’il soit projeté devant un public plus large ?
L'année dernière, nos personnages ont organisé une projection de leur court-métrage 2014 pour les habitants de leur ville, Krasnohorivka, mais ensuite ils ont décidé que le film nécessitait encore des améliorations. Et donc, le processus est encore en cours, ce qui est dommage. Comme mon film est déjà fini, j’ai proposé de les soutenir en les aidant à faire les sous-titres en anglais, par exemple. J’espère vraiment qu’ils vont pouvoir le finir, et je leur enseignerai comment candidater à différents festivals d’étudiants et de courts-métrages avec ce film.

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(Traduit de l'anglais)

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