email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

CANNES 2019 Quinzaine des Réalisateurs

Bas Devos • Réalisateur de Ghost Tropic

“J’aurais pu prendre trois mois de vacances, mais au lieu de cela, j’ai décidé d’écrire un film”

par 

- CANNES 2019 : Le réalisateur belge Bas Devos nous a rencontrés pour expliquer comment il a fait Ghost Tropic, un film tourné en un temps record

Bas Devos  • Réalisateur de Ghost Tropic

Quand le réalisateur belge Bas Devos a présenté le tableau d’un Bruxelles traumatisé après les attentats de 2016, dans Hellhole [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Bas Devos
fiche film
]
, des réactions dépressives que le film a déclenchées l'ont incité à lui donner un pendant qui soit rempli d’espoir et de lumière. Ghost Tropic [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Bas Devos
fiche film
]
, tourné en un temps record, vient d'être présenté à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Cineuropa : Dans Hellhole, vous dépeignez Bruxelles juste après les attentats de 2016. Vous montrez de nouveau la ville aujourd'hui, mais sous un jour différent. Est-ce que Ghost Tropic est né de Hellhole?
Bas Devos :
 Ça s'est littéralement passé comme ça, oui. Certaines personnes ont dit après avoir vu Hellhole : "Waouh ! Quel endroit triste et terrifiant !". Ce n’était pas mon intention, et j’avais certainement espéré faire luire un peu de lumière à la fin. "Mon dieu, qu'ai-je fait ?", me suis-je dit. Je me sentais vidé et en grand besoin d’énergie nouvelle. J’aurais pu prendre trois mois de vacances, mais au lieu de cela, j’ai décidé d’écrire un film. Je me suis rendu compte que le précédent avait laissé les réponses aux questions qu’il posait de côté, en grande partie intentionnellement, car il n’y en avait pas. Ensuite, tout doucement les choses ont commencé à prendre forme dans ma tête. Peut-être que la réponse est vraiment simple : nous sommes des êtres humains et si nous sommes ouverts les uns aux autres, alors il y a de l’espoir et de la lumière. Et c’est ainsi qu’est né ce film. Nous l'avons tourné en 15 jours, ou plutôt 15 nuits, avec une très petite équipe et très peu d’argent.

Votre héroïne est une femme d’origine maghrébine en fin de cinquantaine. Qu’est-ce qui vous a amené à choisir ce personnage pour occuper le centre du film
Pendant la préparation de Hellhole, j’ai rencontré la plupart des mères des garçons qui jouent dans le film, et elles m’ont vraiment intrigué. Elles ne sont presque jamais représentées à l’écran. Je les vois dans les rues, avec leur foulard sur la tête, et nous partageons le même espace, mais dans les films et dans les reportages, elles sont absentes. Quand je les ai rencontrées, j’ai été immédiatement frappé par leur force : elles ont les pieds sur terre, elles sont travailleuses, elles parlent bien et sont très claires sur leur situation sociale et culturelle. Elles sont tous sauf les créatures tranquilles et naïves occupées à cuisiner et faire le ménage derrière des portes fermées qu'on imagine. "Pourquoi ne pas les rendre visibles dans un film ?", me suis-je dit.

Le titre du film vient d'un mot que Donald Trump a eu sur Bruxelles après les attentats de 2016 : "C’est comme de vivre au fond de l'enfer". D’où vient le titre Ghost Tropic ?
Pour moi, le titre se réfère à un espace géographique imaginaire entre la réalité et le rêve. Je vois Bruxelles comme une ville assez absurde, et ceux qui vivent ici seront d'accord. Elle descend les escaliers quelque part au nord de la ville et puis quelques secondes plus tard, elle est dans le sud ! Les endroits du film sont tous des endroits que j’aime et que je voulais mettre dans le film, aussi cucu que cette raison puisse paraître. Nous avons des centres commerciaux affreux que je trouve beaux, des coins sombres et bizarres, le métro, que j’adore : tout cela fait partie de ma version fictionnalisée et rêvée de Bruxelles. J’espère que les gens qui connaissent la ville la trouveront joyeuse : apprécions juste la balade et soyons libres ! 

Avez-vous l'impression d'être parvenu à capturer la lumière et l’espoir, cette fois ?
Vous savez quoi : il y a eu une rencontre avec le public après une projection, ici à Cannes, et quelqu’un a dit que mon film était le premier cette année qu'il ait regardé "sans peur". "Oui ! J’y suis arrivé !", me suis-je dit à moi-même. Je suis arrivé à créer un contraste avec la vie "infernale" qu'on peut mener dans cette ville à travers cette femme et son parcours involontaire à travers Bruxelles la nuit, parcours qui l'oblige à faire appel à d’autres gens pour obtenir de l’aide – aide qu’elle va recevoir mais aussi offrir elle-même. Le tout sans peur ! 

La performance de votre comédienne principale, Saadia Bentaïeb, est impressionnante. Où l’avez-vous trouvée ?
C’est une comédienne de théâtre établie en France. Elle joue depuis des décennies dans la compagnie Louis Brouillard de Joël Pommerat. C’est vraiment une grande dame. Ce qui est amusant, c’est qu’elle n’avait jamais tourné de film jusqu'à il y a quelques années. Elle a eu un très joli rôle dans 120 battements par minute [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Arnaud Valois
interview : Robin Campillo
fiche film
]
, et dans mon film, elle tient son premier rôle principal. Elle correspondait exactement à ce que je cherchais : elle a une présence modeste qui est physique et n’a rien à faire pour être vue. Elles ne sont jamais timides, ces femmes : elles sont modestes. Et puis elles disent quelque chose et vous regardent, et vous les voyez vraiment.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy