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CANNES 2019 Marché du Film

Jérôme Paillard • Directeur délégué, Marché du Film

"Aux yeux du monde, le Marché du Film est un symbole de la vivacité du cinéma européen"

par 

- Aux commandes du Marché du Film depuis 1996, Jérôme Paillard annonce la couleur de cette 60e édition anniversaire

Jérôme Paillard • Directeur délégué, Marché du Film
(© Marché du Film)

Aux commandes du Marché du Film depuis 1996, le directeur délégué Jérôme Paillard annonce la couleur de cette 60e édition anniversaire, qui aura lieu du 14 au 23 mai, pendant le 72e Festival de Cannes.

Cineuropa : Comment se porte le Marché du Film à l’aube de son 60e anniversaire ?
Jérôme Paillard : A dates égales, nous enregistrons une progression globale des inscriptions par rapport à l’année dernière. La Chine, par exemple, est tout aussi présente, alors que de nombreuses circonstances laissaient entrevoir un retrait. D’autres pays comme le Brésil bénéficient de notre aide pour surmonter la conjoncture difficile et maintenir la présence de leurs professionnels au Marché du Film. Nous sommes agréablement surpris, compte tenu des reculs importants qui ont été enregistrés par d’autres plateformes professionnelles, comme l’EFM par exemple, qui a annoncé une baisse de 15% en 2019. Les projets sont toujours aussi nombreux tout comme les films et nous sommes plutôt en situation de rareté par rapport à l’attribution des créneaux de projection. A 60 ans, le Marché du Film continue sa progression. 

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Depuis sa création, la priorité du Marché du Film a été de répondre à la demande des professionnels. Soixante ans plus tard, n’est-il pas autant question d’anticipation ?
Nous veillons effectivement à faire les deux même si ça devient compliqué d’introduire des nouveautés chaque année. Pour cet anniversaire, nous avons pris un soin particulier à porter notre regard vers l’avenir grâce à un petit groupe de professionnels que nous avons constitué et que nous consultons régulièrement pour des avis éclairés autour de questions sur l’évolution générale de l’industrie, mais aussi sur la façon de mieux les accueillir à Cannes et de mieux répondre à des demandes spécifiques. C’est de ces discussions qu’est né l’Animation Day, nouveauté 2019, que nous organisons avec nos partenaires d’Annecy, un peu sur le même principe que le Doc Day avec des rencontres, un débat sur la distribution du film d’animation et un déjeuner qui permettra aux acteurs du cinéma d’animation d’élargir leur réseau. 

L’Animation Day n’est pas la seule nouveauté 2019…
Nous lançons aussi “Meet The Streamers” qui donne la possibilité aux vendeurs de rencontrer une dizaine de plateformes VOD qu’ils ne connaissent pas spécialement très bien dans un format de type speed dating avec un changement de table toutes les 20 minutes.

Du côté du film de genre, Frontières se renforce grâce à “Fantastic Seven” un nouveau projet que nous avons développé avec le Festival de Sitges où nous avons demandé à 7 festivals (Macao, Sitges, Toronto…) de sélectionner dans leur pays un projet de genre en développement qui sera pitché par le producteur et le réalisateur en recherche de partenaires. 

Les nouvelles technologies s’étendent grâce à Cannes XR qui offre aux projets immersifs un espace dédié qui est désormais scindé de Next. En plus des conférences, Cannes XR présentera une centaine de films. C’est moins que les 250 films de l’année dernière, mais la curation est plus rigoureuse et plus pertinente grâce aux studios de haut niveau que nous avons invités. La particularité de notre VR library, c’est qu’elle permettra à ces films d’être aussi disponibles pendant 3 semaines dans des LBE (location based entertainment) du monde entier.

Cette année, nous testons aussi notre application de matchmaking, séparée de Cinando, qui permet aux professionnels qui s’inscrivent de communiquer leurs souhaits de rencontres pour que la plateforme leur propose des partenaires potentiels, des lieux et des créneaux qui tiennent compte des agendas de chacun.

Vous avez passé plus d’un tiers de l’existence du Marché du Film à sa tête. De quoi êtes-vous le plus fier ?
C’est une aventure collective et je suis fier de partager son succès avec mon équipe. Les premières années ont été les plus faciles parce que le Marché était peu développé en 1996. Les choses se sont compliquées lorsque nous sommes devenus leader. Se maintenir à ce niveau, c’est plus difficile que de l’atteindre. Les attentes sont très élevées, les exigences aussi. La création du guide dès 1996 a été une petite révolution qui s’est poursuivie avec Cinando qui va peut-être nous permettre d’abandonner définitivement la version papier. Je suis aussi très heureux que les festivals du monde entier fréquentent Cannes. Ils jouent un rôle essentiel dans la vie d’un film dès le développement et aujourd’hui, ce sont entre 1300 et 1400 programmateurs de festival qui viennent à Cannes. Ils sont aussi nombreux que les distributeurs ! 

Est-ce que vous avez l’impression que la nouvelle génération de professionnels élevée dans l’écosystème digital modifie les codes du cinéma ou les utilise autrement ?
Ce n’est pas flagrant. Les codes du cinéma restent stables, peut-être parce que nous sommes dans un métier motivé par la passion avant tout. Les stratégies internationales changent très peu. Il y a certes moins de panneaux publicitaires sur la Croisette et moins d’encarts marketing dans les dailies, mais c’est plus une question de budget que de transformation profonde des usages. Fondamentalement, la rencontre personnelle et physique entre professionnels reste primordiale. Les outils numériques facilitent ces rencontres, mais ne les remplacent pas, tout comme la projection en salle n’est pas tombée pas en désuétude avec la démocratisation des screeners online.

Etant localisé en France, est-ce que le Marché du Film ressent une responsabilité vis-à-vis de la représentation du cinéma européen ?
D’une part, il serait malvenu d’avoir une quelconque préférence européenne dans le traitement des participants où une très grande neutralité est de rigueur, mais d’autre part, le fait que le Festival de Cannes et le Marché du Film soient les deux leaders et que ces leaders soient Européens, contribue à renforcer l’image de l’Europe sur la scène mondiale du Cinéma. Les Américains ont Hollywood et les Oscars, mais ils n’ont pas l’équivalent de Cannes. Aux yeux du monde entier, le Festival de Cannes et le Marché du Film sont un symbole de la vivacité du cinéma européen.

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