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Liza Benguigui • Productrice des Invisibles

"Une proximité, avec du rire, des larmes, de l’émotion"

par 

- La productrice Liza Benguigui parle du succès surprise dans l’Hexagone et en ventes internationales des Invisibles, avant les Rendez-Vous with French Cinema de New York

Liza Benguigui  • Productrice des Invisibles

Même si son premier long, Discount [+lire aussi :
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, avait attiré l’attention, personne n’aurait pu prédire l’engouement déclenché dans les salles de l’Hexagone par Les Invisibles [+lire aussi :
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 de Louis-Julien Petit (1,27 million d’entrées en près de sept semaines) et les nombreuses ventes dans le monde annoncées à Berlin (Espagne, Allemagne, Italie, Suède, Grèce, Portugal, Autriche, République tchèque, Slovaquie, Hongrie, Québec, Israël, Liban, Moyen-Orient et Taiwan, qui se sont ajoutés au Benelux et à la Suisse). Rencontre avec sa productrice Liza Benguigui qui pilote la société parisienne Elemiah, à la veille des Rendez-Vous with French Cinema de New York (organisé par UniFrance du 28 février au 10 mars) où le film sera projeté.

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Cineuropa : Comment a démarré l’aventure des Invisibles ?
Liza Benguigui
 : Avec le livre Sur la route des invisibles de Claire Lajaunie qui avait réalisé un documentaire sur les femmes SDF dans Paris et relaté ensuite cette expérience par écrit. Comme elle nous connaissait, Louis-Julien Petit et moi, elle nous a donné son livre avant parution. Louis-Julien m’a dit qu’il y avait quelque chose d’incroyable chez ces femmes et un film à faire. J’ai fait le même constat car il y avait de l’humour, de la vie malgré tout. Louis-Julien est donc entré en écriture. La première version du scénario était une chronique sociale, très proche de la réalité comme l’est le film au final, mais très noire, abrupte, car Louis-Julien avait été un peu happé par son investigation : on tombait dans le faux documentaire avec le quotidien d’un centre d’accueil, sans personnages enlevés et vivants comme dans Discount. Or, pour moi, la valeur ajoutée de Louis-Julien, c’était d’arriver à faire vivre à des personnages une aventure humaine avec de l’espoir, même avec un tel sujet. Il est donc reparti en écriture pour aboutir au scénario qui a donné le film tel qu’il est, notamment avec cette envie de réinsertion qui a nourri la tonalité de comédie : la réalité des femmes SDF est le point de départ du film, mais ce qui nous intéresse, c’est l’après, comment on essaye de s’en sortir. 

Comment s’est déroulé le financement ?
Du côté des chaînes TV, France 3 et Canal+, qui étaient déjà nos partenaires sur Discount, ont tout de suite compris où Louis-Julien voulait aller. En revanche, c’était l’incompréhension totale chez plus d’un distributeur : on nous répondait qu’il y avait trop de personnages, que la tonalité du film était insaisissable, qu’on ne savait pas si c’était du documentaire ou de la fiction, etc. Je n’avais d’ailleurs même pas pensé à le proposer à Apollo Films qui venait de démarrer son activité avec des comédies plutôt familiales et grand public ne me semblant pas correspondre aux Invisibles. Par un concours de circonstances des plus improbables, j’ai quand même envoyé le projet à François Clerc, mais sans aucune espèce d’espérance. Deux jours, il était dans mon bureau avec ses associés, tous très motivés et ayant parfaitement compris le scénario et l’esprit du film.

1,26 million spectateurs en France en six semaines, c’est une surprise énorme, très au-delà de prévisions les plus optimistes. Hormis les qualités intrinsèques du film, comment expliquez-vous cet engouement ?
Il y a eu une sorte d’alignement des astres qui est une donnée qui nous échappe, mais je crois aussi que nous sommes dans une société en souffrance qui a envie de voir des films qui lui ressemblent, dont elle se sent proche : une proximité, avec du rire, des larmes, de l’émotion. Et la clé du film, ce sont les femmes, les comédiennes évidemment, mais surtout ces femmes SDF qui sont des modèles de résilience, de survie, d’humour, d’espoir et qui démontrent que tout peut arriver dans la vie. Revenir à l’humain et essayer de l’améliorer en se recentrant ensemble, je pense que c’est également cela qui a touché.

Quid des ventes internationales qui ont très bien démarré ?
Même Charades a été très agréablement surpris. Avant la sortie du film, il y a eu un intérêt des territoires francophones classiques : Belgique, Suisse, Canada. Mais une comédie sociale avec des comédiennes qui ne sont pas connues à l’international, cela n’avait rien d’un gros film. Le phénomène a commencé à prendre forme avec la sortie du film une semaine avant les Rendez-Vous du cinéma français organisé à Paris par UniFrance, et l’engouement s’est propagé depuis.

Les Invisibles est-il un film emblématique de la ligne éditoriale d’Elemiah ?
Exactement car ce n’est ni une comédie, ni un drame, mais un film dans lequel le fond social a été traité avec un vrai réalisme et une entrée sur une vraie investigation, tout en ayant de l’humour. Au-delà d’Elemiah, ce succès est une bonne nouvelle pour le cinéma français en général car cela montre que c’est possible de réussir avec certaines thématiques, et ce dans des budgets raisonnables. Je pense que cela fera éclore des projets qui auraient pu faire peur aux financiers. Sur le papier, les SDF, ce n’était pas simple, cela pouvait effrayer, mais finalement non, et c’est cela qui est formidable.

Quels sont vos projets ?
Je démarre le financement de deux premiers longs métrages très différents : la comédie romantique et poétique Les pieds sur terre de Gaby Ohayon qui sera interprétée par Pablo PaulyJoséphine Japy et Melha Bedia et Un instinct violent de Vincent Duquesne, un drame d’auteur très poignant avec au casting de nouveau Pablo Pauly et Olivier Marchal. Ce n’est jamais facile de produire des premiers longs, mais Les Invisibles me donne le courage de me dire que mon instinct est peut-être le bon.

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