31/07/2017 - Cineuropa a rencontré Nadia Dresti, vice-directrice artistique et directrice du département international du Festival de Locarno, pour parler de la prochaine édition des Journées de l’industrie

Après une brillante carrière dans l’industrie du film, Nadia Dresti a rejoint l’équipe du Festival de Locarno en 1990, comme membre du comité de sélection. Elle a ensuite été placée en charge du Industry Office. Grâce à son travail, l’importante manifestation a accueilli un nombre toujours plus grands de professionnels du monde entier et s’est fait une réputation dépassant largement les frontières suisses. En 2003, Dresti a pris part au lancement d’Open Doors, le nouveau lab de coproduction de Locarno. Trois ans plus tard, elle a été nommée déléguée à la direction artistique. En 2010, elle a lancé les Journées de l’industrie et elle a pris la tête, à partir de 2013, du département international. Son lien avec le festival se renforce encore cette année à travers l’emploi de vice-directrice artistique, qui s’ajoute à ses autres fonctions. 

Cineuropa : Le dialogue et l’échange de connaissances dominent les activités des Journées de l’industrie (Match Me! et First Look). Pouvez-vous nous en parler ? 
Nadia Dresti : Le coordinateur de “First Look” et “Match Me!” est Markus Duffner. La première initiative accueille des films en post-production provenant chaque année d’un pays différent, cette années les pays baltes, Estonie, Lituanie et Lettonie (à raison de six par pays), films qui sont présentés pendant les Journées de l’industrie à un jury formé cette année par Charles Tesson (délégué général de la Semaine de la critique de Cannes), Sylvain Auzou (Journées des Auteurs de Venise) et Janet Pierson (directrice du Festival South by Southwest d’Austin). “First Look”, qui en est cette année à sa 7e édition, rencontre beaucoup de succès : de nombreux titres qui y participent sont ensuite sélectionnés à des festivals importants comme Sundance. Tous les instituts du cinéma nationaux qui participent à ce programme ont envie de poursuivre leur collaboration avec nous. C’est de là qu’est née l’initiative “Match Me!”, qui réunit dans une salle dix tables de personnes dont, à chaque fois, le directeur d’un institut du film accompagné de trois jeunes producteurs émergents. Pendant trois jours, Markus décide qui inviter à la table. Ces déjeuners de réseautage fonctionnent à merveille.

Les jeunes sont aussi au centre de l’“Industry Academy”. De quoi s’agit-il ? 
Nous nous sommes rendu compte que souvent, après des années de pratique du métier, on pense tout savoir alors qu’on ne sait rien, parce que les changements sont constants, et toujours plus rapides. Changer, c’est toujours compliqué, de sorte qu’on s’est dit qu’il serait bon d’amener à Locarno des jeunes avec des idées nouvelles. C’est dans cette idée qu’on a créé l’”Industry Academy”, qui constitue comme un raccourci pour les jeunes professionnels de l’industrie (travaillant dans la distribution, les ventes internationales, le marketing, la VàD et les festivals) qui ne sont ni étudiants, ni producteurs. Les participants passent cinq jours avec une coach, Marion Klotz, qui organise un programme de masterclasses menées par des personnalités importantes de l’industrie du film. En cinq jours, les dix participants échangent des idées et connaissances, et ils apprennent des choses qu’on met normalement des années à savoir. L’“Industry Academy” a eu un tel succès que nous avons exporté l’idée au Mexique (au Festival de Morelia), à Thessalonique et à New York. 

Pourriez-vous nous en dire plus sur projet “Connect to Reality” et son lien tant avec le Festival international Tous Écrans de Genève que le Festival de Zurich ? 
“Connect To Reality” est la grande nouveauté de l’année, une initiative suisse à destination des professionnels suisses. Nous nous sommes rendu compte de la nécessité de réfléchir su rla situation de l’industrie du film, et nous avons ainsi imaginé un projet inspiré du modèle “Step In”, mais pour la Suisse. L’allocution initiale est ouverte à tous, mais seuls 50 participants choisis à l’avance sont ensuite invités aux tables rondes où sont débattues des questions précises : la distribution du cinéma suisse en Suisse et à l’international, le rôle des festivals (qui n’arrête pas d’évoluer) ou encore le cinéma documentaire. Chaque table ronde sera gérée par un modérateur et un rapporteur qui montera ensuite sur scène pour un compte-rendu final où il présentera les conclusions auxquelles sont parvenues les participants à chaque table ronde. “Connect to Reality” ne se limite pas à la Suisse : l’initiative accueillera aussi une vingtaine d’invités étrangers. Comme il y aura beaucoup à discuter, nous avons dans l’idée de faire voyager le projet et d’organiser une seconde session de débats dans le cadre du Festival de Zurich, autour de thématiques plus liées aux productions et coproductions suisses, puis à Genève, où on se concentrera principalement sur la créativité et les nouvelles technologies. Pour la première fois, trois festivals suisses unissent leurs efforts pour créer des plateformes où discuter de thèmes précis. Avec “Connect to Reality”, nous cherchons à comprendre ce qui se passe hors de nos frontières, parce qu’il est inutile de se contenter de ce qu’on croit connaître. Il est très intéressant de comprendre comment les vendeurs à l’international achètent leurs films, et où, et sur quels marchés ils travaillent. On peut ainsi évoluer et apprendre ensemble. 

(Traduit de l'italien)