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Jan Vardøen • Réalisateur

"Contribuer au mieux vivre ensemble est ma constante préoccupation"

par 

- Le réalisateur anglo-norvégien Jan Vardøen sort en salles norvégiennes son dernier film, House of Norway, et nous l’avons rencontré pour en parler

Jan Vardøen • Réalisateur

Après Heart of Lightness [+lire aussi :
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 en 2014 et Autumn Fall [+lire aussi :
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 en 2015 voici que sort en cette fin d’année House of Norway [+lire aussi :
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, le troisième long-métrage du réalisateur anglo-norvégien Jan Vardøen, produit par sa société Beacon Isle Productions. Ce film, dont Vardøen est aussi le scénariste, a reçu un accueil très favorable au récent Festival de San Diego.    

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Cineuropa : Votre film évoque un sujet d’une grande actualité.
Jan Vardøen :
 En effet. L’an dernier la Norvège, comme bien d’autres pays, a connu un afflux massif de réfugiés, et le système d’accueil et d’intégration existant s’est révélé insuffisant. Accorder son aide à distance est une chose, côtoyer des migrants jour après jour en est une autre. On craignait des frictions. Il n’y en a pas eu, car la plupart des Norvégiens sont généreux. Mais vivre en bonne intelligence n’est pas chose facile.

Que pensent ces migrants des Norvégiens ?
Ils les trouvent fort peu bavards, même entre eux. Ensuite ils s’étonnent que personne, ou presque, ne pense à leur demander, à eux nouveaux arrivants, ce qu’ils ont à proposer, à offrir. On a tendance à faire d’eux des victimes que l’on traite avec condescendance, alors qu’ils disposent de ressources dont la population locale pourrait profiter. Je pense qu’on pourrait, comme le Portugal par exemple, mieux utiliser les aptitudes et les talents des migrants, sans forcément leur faire la charité.

House of Norway est une comédie.
Une comédie satirique, je précise, souvent plus efficace, à mon avis, que la lutte sur les barricades. Les questions graves, j’ai choisi de les intégrer dans un récit divertissant, mais elles restent sous-jacentes. Inutile d’insister sur ce qu’on appelle le problème des migrants. Tout le monde est au courant. Ce que j’offre à la vue c’est un miroir : le reflet qu’on y voit, celui de la société norvégienne actuelle, est parfois délibérément caricatural.

Pourquoi mettre l’accent sur les stéréotypes ?
Pour faire sourire naturellement, voire rire, mais c’est aussi pour mieux la comprendre, cette société, et mieux en dénoncer les failles. Je fais usage d’humour plus que d’ironie, avec les exagérations qui s’imposent et un bon brin d’autodérision. Mon expérience de grand voyageur anglo-norvégien m’a été fort utile en l’occurrence. Je me suis aussi laissé un peu inspirer par les contes populaires norvégiens où l’on voit le jeune Askeladden, apparemment dénué de tout talent, méprisé par tous, faire preuve d’intelligence, de finesse, face aux épreuves qu’on lui inflige. De même Ramin, le héros de mon film, doit subir des tests qui peuvent paraître saugrenus, mais qui sont indispensables. Askeladden finit toujours par réussir...  dans les contes en tout cas.

Et il épouse la fille du roi. Il y a une histoire d’amour dans votre film ?
Certainement pas. Mais il y a du sexe, car on est en Norvège au 21e siècle, et pas dans un conte de fées. Ici il n’est pas rare de coucher dès le premier soir, de prendre un café le deuxième, et, si affinités, de dîner ensemble le troisième. Cette chronologie n’est pas forcément la même partout en Europe.

Le tournage a été très court, je crois.
C’est exact. Neuf jours dans un grand hôtel du côté de Ålesund, au bord d’un fjord magnifique qui a aussi sa place dans le film. Le processus a été rapide car je tenais à tirer au mieux parti du petit budget que je m’étais imposé Nous avons utilisé deux caméras et j’ai eu des discussions passionnantes avec les responables de la photo Nico Poulsson et Martin Otterbeck. La gestuelle étant, à mon avis, un ressort comique important, il y a peu de gros plans.  Mais bien sûr le comique de situation est étayé par les dialogues et mis en valeur par le montage de Anders Refn.

Vous n’avez pas été tenté de filmer vous-même ?
Oh non, car j’ai la chance d’être entouré de spécialistes dont la compétence m’émerveille. Mais j’ai une bonne connaissance théorique de tout ce qui touche aux caméras, lentilles, instruments d’optique, etc... Je suis un autodidacte passionné, constamment â l’écoute.  Les acteurs aussi m’émerveillent. Ils ont une expérience que je n’ai pas. Je ne suis donc pas dirigiste et je choisis de leur faire confiance, surtout, bien sûr, quand j’ai déjà travaillé avec eux : c’est le cas, par exemple, pour Hege SchøyenIngeborg S. Raustøl et Sven Henriksen.

Vous êtes musicien. C’est vous qui avez composé la musique du film ?
Une partie seulement. Le film voit se rencontrer deux cultures, deux univers : Shahrukh Kavousi, originaire d’Iran, installé en Norvège depuis une bonne vingtaine d’années, joue Ramin et Gard B. Eidsvold est le directeur du centre éducatif chargé d’inculquer les bonnes manières aux nouveaux arrivants. Il était donc naturel que la musique de Grieg fasse bon ménage avec la musique iranienne qu’interprète Javid Afsari Rad, un grand spécialiste du santûr persan.

Vous êtes en pleine tournée de promotion.
Oui. Il y a près de 200 cinémas en Norvège. J’ai décidé de tous les visiter et de soumettre mon film à l’évaluation de personnes de tous les milieux, étrangères au petit monde officiel du cinéma, en complétant les séances par des débats. Cette démarche est enrichissante et me permet de m’améliorer. Les récents films islandais et irlandais sont aussi pour moi une source d’inspiration, et j’ai pour modèle Ted Hope, le producteur américain de films indépendants. A sa façon je suis d’ailleurs en train de mettre en place une structure pour aider les jeunes créateurs : il ne s’agit pas de les financer, mais de leur prodiguer contacts, méthodes de travail, conseils d’experts. J’aimerais contribuer à changer les mentalités, à faire la chasse aux préjugés. Contribuer au mieux vivre ensemble est ma constante préoccupation.

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