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Edouard Waintrop • Délégué général de la Quinzaine des réalisateurs

"Il faut pouvoir passer d'un monde à un autre"

par 

- Edouard Waintrop, le délégué général de la Quinzaine des réalisateurs, décrypte sa sélection 2016

Edouard Waintrop • Délégué général de la Quinzaine des réalisateurs
(© Quinzaine des réalisateurs)

Rencontre avec Edouard Waintrop, le délégué général de la Quinzaine des réalisateurs dont la 48e édition se déroulera du 12 au 22 mai 2016 dans le cadre du 69e Festival de Cannes.

Cineuropa : Quelles sont les caractéristiques de  votre sélection 2016 (lire la news) ?
Edouard Waintrop : Nous avons des films formidables avec des grands noms qu'on n'imaginait pas avoir comme Marco Bellocchio par exemple, mais aussi Alejandro Jodorowsky et Pablo Larraín, des cinéastesconfirmés comme Joachim Lafosse, et des jeunes comme Houda Benyamina, Sacha Wolff, Claude Barras ou Shahrbanoo Sadat. L'important dans une sélection, c'est qu'elle puisse toucher des publics très divers ou qu'elle amène un public à des sentiments très divers.

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Le mélange des genres est une constante de vos sélections.
Quand on présente entre 15 et 20 films, il faut pouvoir passer d'un monde à un autre, d'une sensation à l'autre. On a notamment trois films policiers qui ne se ressemblent pas du tout (une sorte de série B à l'américaine avec le film canadien Mean Dreams, un Mumbai noir d'Anurag Kashyap et un polar très énervé de Paul Schrader qui fera la clôture), deux documentaires, quelques comédies plus indéfinissables, un film d'animation... Il y a aussi beaucoup de sentiments dans de nombreux films avec des personnages fermés, durs au départ et qui se fissurent, qui s'ouvrent à la tendresse au contact d'autrui ou de certaines situations : c'est le cas de Gérard Depardieu dans Tour de France [+lire aussi :
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de Rachid Djaïdani ou de la jeune voleuse violente de Fiore [+lire aussi :
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de Claudio Giovannesi qui va découvrir l'amour en prison. Le film phare de cette tendance est Fais de beaux rêves [+lire aussi :
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de Marco Bellocchio avec l'histoire d'un jeune garçon qui perd sa mère soudainement pour une raison qu'il ignore et qui va essayer en grandissant - puisque le film se déroule entre l'âge de 10 et de 40 ans - de se reconstruire au niveau sentimental. Et L'Économie du couple [+lire aussi :
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de Joachim Lafosse est également dans cette veine sentimentale, même s'il s'agit d'un couple qui se déchire.

Trois films italiens, c'est exceptionnel !
C'est ma 5e sélection à la Quinzaine et c'est la première fois que je prends des films italiens. Ce sont trois générations de cinéastes : Marco Bellocchio a 76 ans, Paolo Virzi 52 et Claudio Giovannesi 37. On les a découvert à des moments différents de la sélection. Cela fait longtemps que je sais que le cinéma italien est reparti parce que je manage deux salles à Genève où l'on fait beaucoup de choses avec le cinéma italien. Paolo Virzi est un cinéaste que je suis depuis des années et je suis très content d'avoir Folles de joie [+lire aussi :
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qui est un film italien comme on l'attend, à la fois très impliqué socialement, drôle et triste. Bellocchio est un maître et il nous offre un film sur un sujet qu'il a déjà traité de manière complètement différente dans Le sourire de ma mère [+lire aussi :
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ou même dans Vincere [+lire aussi :
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: la place de la mère et aussi de la mère absente. Quant à Claudio Giovannesi, on l'avait découvert il y a quatre ans avec Ali a des yeux bleus [+lire aussi :
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qu'on avait été très près de sélectionner et il revient avec Fiore qui est un petit chef d'oeuvre et qui sera sans doute l'une des révélations de Cannes.

Avec cinq français, trois italiens, deux chiliens, deux américains et deux canadiens, cinq pays représentent un peu plus des trois quarts de votre sélection, ce qui est relativement inhabituel.
C'est rare, mais cela s'est trouvé comme ça. On ne s'attendait pas à avoir trois films italiens car on a en a pris un en janvier, le second fin mars et le dernier juste avant l'annonce de la sélection. La France, elle, est toujours très présente à la Quinzaine car il y a une certaine pression, il ne faut pas se faire d'illusions (rires), même si certains films feraient sans doute mieux d'attendre un peu... Quant aux propositions des Etats-Unis, elles ont été comme toujours importantes et nous avons la chance d'avoir le retour de Paul Schrader et, de l'autre coté du spectre, un documentaire politique sur Julian Assange signée par la réalisatrice Laura Poitras qui a gagné l'Oscar 2015 avec Citizenfour [+lire aussi :
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, son film sur Snowden. Globalement, on choisit en fonction de la qualité des films et nous avons même été très près de prendre trois films chiliens. Nous sommes tributaires de ce que l'on nous montre et parfois on réagit assez fort. D'ailleurs, cela nous joue quelquefois des tours car certains se servent de nos réactions pour faire monter les enchères ailleurs et parfois y réussissent. Mais ce sont des choses qui arrivent...

Quid du reste de l'Europe ?
J'ai adoré Ma vie de Courgette [+lire aussi :
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du suisse Claude Barras. Nous avons aussi été à deux doigts d'avoir un ou deux films anglais et en République Tchèque par exemple, il y a des cinéastes intéressants comme Petr Vaclav. Mais mon problème n'est pas de faire un équilibre européen et mondial, mais de prendre les 18 films que je préfère, en faisant abstraction des équilibres géographiques.

Les représentants français sont plutôt des nouveaux visages ?
C'est vrai que Houda Benyamina et Sacha Wolff sont des inconnus, mais même si ce sont des cinéastes discrets, Rachid Djaïdani qui était déjà à la Quinzaine il y a quatre ans avec Rengaine [+lire aussi :
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, et Sébastien Lifshitz qui a remporté un César du meilleur documentaire pour Les invisibles [+lire aussi :
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, sont un peu connus. Nous voulions un ou deux premiers longs français et ensuite prendre les films qu'on préférait et qui sont donc ceux de Rachid Djaïdani, Sébastien Lifshitz et Solveig Anspach.

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