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Tolga Karaçelik • Réalisateur

“Comment se maintenir au sommet de la hiérarchie quand on n’en a plus besoin ?”

par 

- Cineuropa a rencontré le réalisateur turc Tolga Karaçelik pour parler d’Ivy, qui a remporté le Prix Cineuropa au Festival du cinéma européen de Lecce

Tolga Karaçelik • Réalisateur

Tolga Karaçelik fait partie d’une nouvelle génération de réalisateurs turcs. Il est connu pour son style unique en son genre. Après quelques court-métrages et clips musicaux, il a fait sensation avec son premier long-métrage, Toll Booth, qui lui a valu de remporter la prestigieuse Orange d’or du meilleur film du Festival international du film d’Antalya, ainsi que les prix de la meilleure photographie et du meilleur acteur. Cineuropa a rencontré le réalisateur pour parler de son dernier film, Ivy [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Tolga Karaçelik
fiche film
]
, lauréat du Prix Cineuropa au Festival du cinéma européen de Lecce.

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Cineuropa : Quelle a été votre motivation principale pour faire un film sur ce thème ?
Tolga Karaçelik : Pour être honnête, ma motivation principale pour faire Ivy est venue quand je me suis retrouvé face aux autorités turques. La question centrale du film est alors devenue la suivante : “Comment se maintenir au sommet de la hiérarchie quand on n’en a plus besoin, et comment faire pour maintenir le statu quo ?”. J’ai essayé de prendre du recul et de m’intéresser à la lutte de pouvoir entre mes six personnages de ce point de vue.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées lors du tournage ?
Lorsqu’on tourne un film à un seul endroit, la difficulté principale est de conserver le côté très oppressant de l’histoire sans qu’elle ne devienne ennuyeuse sur le plan visuel. Mais rester au même endroit pendant tout un tournage a aussi ses avantages : par exemple, on peut revenir à tout moment sur une scène tournée précédemment. On peut garder ça dans un coin de sa tête, car il n’y a pas besoin de défaire tous les plateaux pendant le tournage. La situation a donc ses bons et ses mauvais côtés. En revanche, c’est autrement plus difficile sur le tournage se passe sur un bateau, où il faut embarquer tout l’équipement. 

Comment vous y êtes-vous pris pour donner l’impression que cinq mois s’écoulent en seulement deux heures ?
Pour moi, le problème majeur quand on réalise un film est le rythme, qu’il s’agisse de celui des personnages, qui commence avec les dialogues, ou de celui du film. C’est après avoir décidé du rythme de chaque personnage et du film dans son ensemble que se pose le problème du passage du temps. Le temps d’un film est un concept unique en son genre auquel on peut faire dire la vérité ou qu’on peut faire mentir. À certains moments, j’ai essayé d’associer les différentes perceptions du temps pour en faire un concept unifié. Je voulais que le temps soit comme un voile oppressant qui recouvre les personnages. 

Pour quelle raison avez-vous choisi ces six personnages en particulier ?
À vrai dire, c’est avant tout parce que j’ai suivi les dispositions légales. La loi en vigueur énonce que seules six personnes peuvent rester sur un bateau comme celui-ci : un opérateur pour la salle des machines, un cuisinier, trois matelots, dont un qualifié, et le capitaine ou un officier. Mais ces personnages ont tous un rôle à jouer dans cette lutte de pouvoir.

Le jury a été très impressionné par l’utilisation des bruits et de la musique dans le film. Comment avez-vous travaillé pour obtenir un paysage sonore si audacieux ?
Pour un film comme celui-ci, qui ne se déroule qu’à un seul endroit et où l’absence de bruit est synonyme de menace, il fallait que la bande sonore soit très recherchée. Quant à la musique, elle a été composée conformément à ce que j’envisageais. Il n’y a pas beaucoup de musique dans le film, seulement un morceau de rock turc des années 70 et quelques phrases que nous avons créées sur un synthétiseur. Je voulais que la musique fasse partie du paysage sonore dans son ensemble, c’est pourquoi nous avons travaillé sur le bruitage et la musique en même temps. Notre but était de tout considérer comme une seule bande-son, et je pense que c’est ce que font de plus en plus de professionnels du cinéma. 

Pourquoi la fin du film est-elle si ouverte ?
Mon idée première était de m’intéresser à la façon dont les différents protagonistes réagissent les uns aux autres et à la lutte pour le pouvoir pendant une certaine durée, jusqu’à ce qu’ils craquent, pas après. Je trouvais aussi assez romantique l’idée de terminer sur la question de Cenk à Ismail et laisser le public s’imaginer ce qui pourrait se passer ensuite. Je suis content que le film ait une fin ouverte et romantique comme celle-ci. Mon intérêt propre pour le film allait jusqu’à ce moment-là . Ensuite, le film pourrait devenir un thriller ou n’importe quoi d’autre, mais ça n’est plus de mon ressort ; je ne voulais pas que mes personnages soient catalogués comme des criminels ou des perdants.

Pourriez-vous nous parler de votre prochain projet ?
Mon prochain projet, qui s’intitule pour le moment Butterflies, a participé au Sundance Lab. Je suis très excité à l’idée de faire une comédie noire sur trois frères et sœurs qui se retrouvent dans leur village natal 30 ans après. Ce film se déroulera à la même période et au même endroit que Toll Booth. Je pense que le tournage aura lieu en 2017, mais tout va dépendre des aides qu’on obtiendra ou non du Ministère de la Culture. 

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(Traduit de l'anglais)

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