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Bertrand Blier • Réalisateur

Un provocateur au-dessus de tout soupçon

par 

- Le réalisateur français présente dans la compétition Cannoise son seixième film: Les Côtelettes

Fils du comédien Bernard, Bertrand Blier échappe à toute classification, en moraliste désabusé et provocateur, scénariste choc et metteur en scène libre de son propos. En 15 films, il est devenu le plus talentueux de nos francs tireurs de l'insolence, en Europe. Il cogne, surprend, émeut avec la même ferveur, depuis Les Valseuses balade désormais historique de "trois voyous qui s'entêtent à prendre leur pied dans une France de merde".
L'étiquette de misogynie lui colle à la peau, au fur et à mesure que ses héroïnes sulfureuses s'accommodent de la verdeur de son langage, de la brutalité des mots et de l'impudeur qu'ont ses personnages, hommes ou femmes. Sa vision de femme perdue, il en confie le rôle par la pensée à Arletty qui lui inspire le modèle mythique, au-delà des clichés. Bertrand Blier obtient l'Oscar du meilleur film étranger avec Préparez vos mouchoirs et s'impose en Europe à chaque film un plus attendu, un peu plus rejeté, un peu plus populaire et c'est tout le paradoxe de ce brillant cinéaste qui mène sa carrière en solitaire sans qu'on ait jamais pu le cataloguer en France depuis la Nouvelle Vague avec laquelle commence sa carrière. Présenté à Cannes dans la compétition (après Tenue de soirée en 1982), Les Côtelettes, ne manquera pas d'entraîner le festival dans une polémique qui va de paire avec son profil d'auteur à scandale au-dessus de tout soupçon. Le scénario des Côtelettes adapté de la pièce de théâtre est une histoire de vieux, "vifs, amers et désagréables".

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Et l'héroïne, est-elle une fois de plus une femme perdue et comment faut-il alors l'entendre ?
"Dans le mauvais sens. Mes personnages sont des femmes perdues donc dangereuses parce qu'on ne sait pas ce qui peut arriver. Je suis attiré par ce modèle de femme de mauvaise vie qui va n'importe où, fait n'importe quoi, comme un homme qui boit, qui se donne trop et qui est en train d'en mourir à force de se perdre".

Comment est née cette femme dans votre imaginaire ?
"Je ne sais pas. De ma petite enfance, d'un certain goût pour la noirceur, de ma culture littéraire, des romans noirs américains, de l'obsession enfin que j'ai de la femme perdue parce qu'elle appelle l'homme au désir de la sauver. Dans Les Valseuses, quand Depardieu et Dewaere ne sont plus avec Miou Miou, qu'est-ce qu'ils font ? Ils vont attendre à la sortie de prison pour donner du bonheur à une femme qu'on relâche. Ce qui en dit long sur la psychologie du type qui a écrit cela. C'est le thème majeur dans ma démarche de cinéaste écrivain".

Dans Préparez vos mouchoirs deux hommes unissent leurs efforts pour donner à une femme qui n'y arrive, la seule chose qu'elle veut: un enfant. Formidable histoire d'amour, grand succès, et derrière vous réalisez Calmos pour célébrer l'année de la femme. Là c'est le scandale et l'échec …
"Oui, le film d'un goût peu sûr a terriblement choqué parce qu'il se termine dans le sexe d'une femme. Donc le retour de bâton a été sévère. Fellini dans a cité des femmes et Ferreri dans La dernière femme ont un peu fait la même chose. On a tous envie de traiter le sujet".

Les hommes vont par deux, dans vos histoires ?
"Oui, c'est un vieux truc de cinéma, un procédé d'écriture, la même individualité de la brute et du tendre qui se dédouble chez l'auteur. Le tandem de deux acteurs donne plus de crédibilité et de force aux hésitations, aux élucubrations d'un seul homme".

Dans Les Côtelettes, aux côtés de Philippe Noiret, Michel Bouquet, des hommes qui n'ont plus rien à sauver sinon eux-mêmes, il y a deux femmes, et vous dites "… le seul problème c'est que cette femme qui semble apprécier mon galop, je ne sais plus si c'est Nacifa l'amour de ma vie ou bien une autre beaucoup moins ragoûtante qui me court après depuis un moment, précédée par un bruit de sapin qu'on débite à ma taille."
"Oui, c'est la mort : A 50 ans j'avais des sueurs dans le dos rien que d'y penser. Maintenant il me semble qu'au bout d'une vie normale et bien remplie la fatigue gagnant, ce ne doit plus être un problème pourvu que la maladie vous épargne. La mort, c'est le plus grand moment de la vie et on est bien obligé de s'y confronter. Il ne faut pas avoir peur d'en parler, encore moins de la mettre en scène. Dans mon film, jouée par une remarquable actrice Catherine Iliegel, elle est présente, un peu comme chez Bergman, dans une version plus française, drôle, provocante, mais elle est bien là. Au moins on peut lui mettre la main au cul et c'est ce qu'on fait dans le film".

La main au cul de la mort? Cela fait-il gagner du temps?
"Oui parce qu'elle aime çà et l'on gagne de précieuses minutes".

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