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Nadia Khamlichi • Productrice

"Passer à la production, c’est un beau cadeau pour nos dix ans"

par 

- Umedia, intermédiaire Tax Shelter historique belge, donne un coup d’accélérateur à ses activités de production à l’international. Rencontre avec Nadia Khamlichi

Nadia Khamlichi  • Productrice

Créée il y a 10 ans dans la foulée du lancement de la loi Tax Shelter, Umedia a opéré cette année un changement stratégique significatif, recentrant ses activités sur la production déléguée de projets d’envergure internationale. Si la société continue ses activités de levée de fonds Tax Shelter, elle a d’ailleurs signé récemment un contrat de collaboration avec Belga Films cédant la distribution de ses films pour le Benelux, afin de mieux se concentrer sur la production. Nadia Khamlichi, CEO et co-fondatrice d’Umedia, revient sur son parcours.

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Les origines d’Umedia
J’ai décidé de devenir entrepreneur à l’âge de 14 ans. En sortant de mes études, j’ai été recrutée pour m’occuper des ventes et du marketing d’une agence de photo de presse, mais moins d’une semaine après, le patron a fermé boutique. Je me suis dit que c’était le destin : j’ai racheté ses parts, et développé l’affaire pendant un an, mais sans grande conviction… C’est à ce moment que j’ai rencontré Adrian, qui est aujourd’hui mon associé et mon mari. Passionné de cinéma depuis toujours, il avait un diplôme d’ingénieur et un master d’économie, et avait créé sa petite structure de production à Londres. On a produit ensemble deux films, j’en fait presque encore des cauchemars aujourd’hui. Il y avait une coproduction avec la Hongrie, et une coproduction avec la Russie… C’est à ce moment que la loi Tax Shelter a été votée. Comme on était belges, qu’on avait un pied dans le cinéma, qu’on avait fait les études qui nous permettaient de comprendre les aspects fiscaux et financiers de cette loi, on s’est dit qu’il y avait vraiment quelque chose à faire, et on a monté Motion Investment Group. On a tout appris sur le tas, et la machine a pris car nous avons réussi à construire notre offre pour l’investisseur en parlant le même langage que lui, en parlant chiffres, rendement, risque, garantie, et non pas scénario, acteurs, budget de film. Nous avons levé un million d’euros en 7 semaines la première année, 6 millions d’euros l’année suivante… Aujourd’hui, même si l’année dernière a été plus difficile, on lève 50 à 60 millions par an, et on fait 30 à 40 coproductions avec du financement Tax Shelter.

Le passage à la production
Nous avons toujours voulu nous lancer dans la production. Pour ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier, mais aussi car le cinéma, c’était notre rêve, le Tax Shelter n’était qu’une porte d’entrée. En 2010, on a créé une société de production exécutive, ainsi qu’une société de distribution, et un pôle effets spéciaux, puis en 2012, notre activité de ventes internationales, basée à Londres. Aujourd’hui, les scénarios lancés il y a 4 ans ont atteint un degré de maturité qui nous permet d’entrer en production. Ce virage stratégique de la production délégué à part entière, c’est un beau cadeau pour notre anniversaire de 10 ans.

Viser l’international
Nous avons une vision internationale du cinéma que nous voulons produire. Je vais utiliser des termes souvent mal interprétés, mais nous voulons faire des films commerciaux. Pour nous « commerciaux » ca veut pas dire de piètre qualité, ça veut dire des films pour lesquels il y a un public, voire une demande. Ca peut parfois être des films d’auteur d’ailleurs. Nous allons faire des films en anglais, car c’est ce qui s’exporte le plus facilement, mais on va faire aussi des coproductions françaises, calibrées pour le marché francophone. Si parfois nous n’amenons que la part belge Tax Shelter, notre objectif, c’est de structurer l’ensemble du financement du film, en allant justement chercher les sources de financements qui conviennent le mieux à la production, dans le but de maximiser ce qui va revenir au producteur. Ca c’est vraiment notre expertise. Certains projets pourraient aller à des studios ou mini-studios qui feraient un chèque, mais qui prendraient aussi tous les droits qui vont avec, et il ne resterait plus rien au producteur. On a des experts en interne qui maitrisent tous les systèmes de financement disponibles, et on peut le faire sur des projets avec des modèles de financement anglo-saxon aussi bien que français.

Cinéma belge
Nous produisons Sketté, le film d’Olivier van Hoofstaadt, dans la même veine que Dikkenek. On a la conviction profonde qu’on peut faire du cinéma en Belgique qui soit un cinéma plus commercialisable et qui s’ouvre vers l’international. Par exemple un film comme Grace de Monaco [+lire aussi :
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, c’est 5 semaines de tournage en Belgique, 50 employés belges, 300 figurants, c’est colossal. Avec en plus les effets spéciaux, c’est 4,5 millions de dépenses. C’est une coproduction avec la Belgique, européenne, avec une facture américaine. Le film est vraiment destiné à l’exportation. Quand ça se présentera, on travaillera évidemment avec un réalisateur belge ou des acteurs belges, mais on ne veut pas se limiter à cette vision du cinéma belge qui doit forcément être très confidentiel, traiter de sujets sociaux, ne pas être très drôle… Dans nos projets en écriture, on a Universal War One, l’adaptation d’une BD écrite par un Français et publiée par Marvel, avec au scénario Skip Woods (The A-Team, X-Men Origins). C’est un space opera, un film de science-fiction, avec beaucoup d’effets spéciaux, avec un budget entre 60 et 80 millions de dollars. Mais ce sera un film belge, fait par un producteur belge... Mais notre projet phare, c’est Sandcastle, qu’on coproduit avec Mark Gordon, le producteur indépendant américain, l’histoire d’un soldat enrôlé pendant la première guerre en Irak, dont l’escadron est victime d’une embuscade. Le film sera réalisé par Seb Edwards, et interprété par Nicholas Hoult, découvert dans la série Skins, et vu dans A Single Man et les deux derniers épisodes de X-Men

La réforme du Tax Shelter
La réforme du Tax Shelter a été une véritable épopée. Les projets présentés au début sur la table du gouvernement, je l’ai dis et je le redis, ça aurait mis l’industrie du cinéma belge par terre du jour au lendemain. La version qui a été votée est objectivement très bonne sur le principe, même s’il y a des coquilles. Pour l’investisseur ça reste très intéressant, pour le producteur aussi. Mais il y a des risques opérationnels très concrets par rapport à la manière dont la date d’entrée en vigueur a été libellée, notamment car il s’agit d’une date flottante conditionnée à l’approbation de l’UE. Or, il risque d’il y avoir un moment où la loi actuelle n’existera plus, et où le secteur ne sera pas encore capable d’exécuter la nouvelle loi. Ce serait plus logique de faire entrer une telle loi en vigueur au début d’une année civile. Changer la loi en fin d’année fiscale, c’est un non-sens.

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