email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Per-Olav Sørensen • Réalisateur

"Une comédie romantique sans dialogues, musicale à 100%!"

par 

- Cineuropa a rencontré le réalisateur norvégien à l'occasion de la sortie de son nouveau film, Ta meg med!

Per-Olav Sørensen  • Réalisateur

Le réalisateur norvégien Per-Olav Sørensen vient de terminer dans le Télémark les prises de vue de Kampen om tungtvannet (The Heavy Water Wararticle): quatre mois de tournage, dans des conditions souvent difficiles, pour cette production internationale à gros budget qui évoque un dramatique épisode de la Seconde Guerre Mondiale, la bataille de l'eau lourde. Mais ce n'est pas pour parler de cette série télévisée que Cineuropa l'a rencontré : c'est bientôt la première en Norvège de son long-métrage, Ta meg med! [+lire aussi :
interview : Per-Olav Sørensen
fiche film
]
(litt. "Emmène-moi !"), produit par la société Monster Scripted

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Cineuropa : Comment définir Ta meg med!?
Per-Olav Sørensen : C'est un petit film familial sans prétention, sans problèmes existentiels, avec un peu de suspense et quelques moments d'intense émotion. A l'heure où il y a tellement de films sérieux, sombres, j'ai eu envie de faire un ''feelgood'' film. C'est une comédie romantique, musicale à 100%, sans dialogues, avec uniquement les 25 chansons qui ont inspiré l'intrigue: une gageure que de faire une histoire cohérente avec un tel parti pris. M'inspirer des chansons pour écrire le scénario m'a permis de découvrir la profondeur et la subtilité de certains textes, d’apprécier encore plus les mélodies, mises par la suite en valeur, à ma demande, par quatre talentueux arrangeurs. Ces chansons sont de vrais trésors: elles appartiennent au patrimoine culturel norvégien. Les auteurs-compositeurs en sont Jan Eggum et Halvdan Sivertsen, si chers aux Norvégiens, qui, à eux deux, comptent plus de 700 chansons à leurs répertoires.

Ils sont aussi chanteurs.
Pas dans mon film. Les voix qu'on entend sont celles des cinq acteurs : tout a été enregistré en direct au moment du tournage avec une perche pour le son. Les acteurs étaient dotés d'oreillettes, et avant chaque prise on leur donnait la tonalité et le bon tempo. Il n'y a pas eu de raccord en studio par la suite: ce son ‘‘live’’ fait la charpente du film. C'est une méthode de travail un peu compliquée, qui implique une préparation minutieuse en amont, et ne laisse guère de place à l'improvisation, mais cela a bien fonctionné. Ils chantent vraiment tous. Il leur arrive, c'est vrai, de fredonner, par exemple quand ils mangent ou boivent, mais c'est toujours en situation. La bande sonore originale sera bientôt disponible sur Spotify.

Vos acteurs dansent?
Oh non! Ta meg med !, ce n'est pas Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy, pour qui j'ai, d'ailleurs, une grande admiration. C'est plutôt, toutes proportions gardées, Les Parapluies de Cherbourg : l'intrigue est réaliste et nous met en présence de vies ordinaires dans leur banalité. On reste dans le concret, le quotidien. Le thème des amours contrariées y est présent avec son cortège de sentiments tendres, de déceptions et de mélancolie. Dans mon film sont mis en présence trois femmes et deux hommes, timides, réservés, comme bien des Norvégiens soucieux de préserver leur intimité, des solitaires en état de frustration affective, du moins au début de l'histoire. Ce sont des personnages isolés, bien que voisins, vivant presque sous le même toit. Je les ai laissés s'exprimer... en chansons. Ils sont très différents par l'aspect physique et les activités: un chauffeur de taxi, une enseignante, une femme d'affaires, entre autre, alors que mes acteurs appartiennent à l'univers du spectacle, des médias, et, naturellement, de la musique.

A l'origine Ta meg med! est un spectacle musical que vous avez conçu et mis en scène l'été 2012, non loin d'Oslo, au Parkteatret de Moss, et cela avec grand succès. Comment s'est fait le passage de la scène à l'écran?
Mon concept est le même : les paroles des chansons suffisent. Ce qui est différent, bien sûr, c'est le cadre. Nous avons tourné à Oslo, le plus souvent à Kampen, une petite butte située au coeur de la capitale, à deux pas du musée Munch. J'ai choisi Kampen car c'est un quartier tranquille avec ses maisonnettes, ses petites cours intérieures fleuries. Certaines scènes se déroulent ailleurs, dans une station-service, dans le métro, ou près du port dans un quartier ultra-moderne. Il y a aussi des scènes d'intérieur, imposées par le déroulement de l'action et le caractère intimiste de la plupart des chansons. Le tout a été filmé par très beau temps, l'été 2013, avec une lumière splendide, mais parfois si intense qu'il a fallu la tamiser pour éviter des ombres excessives. Quinze jours de tournage seulement, petite équipe, petit budget, sans soutien financier des instances officielles : cela convient parfaitement, à mon sens, à l'univers modeste évoqué par les chansons.

Aucun problème donc.
Le montage s'est avéré délicat. Veiller à la cohérence, à l'équilibre des scènes, faire des enchaînements harmonieux n'a pas été une mince affaire. De plus il a fallu enlever quelques couplets et refrains, raccourcir ici et là pour éviter que la suite des événements soit trop prévisible.

Vos ambitions pour ce film?
Qu'il soit vu et apprécié en Norvège d'abord : j'aimerais encourager les paresseux à aller le voir dans une grande salle. Je suis fier d'avoir osé créer quelque chose de différent, du moins ici où les films musicaux sont pratiquement inexistants. Passer d'un petit projet, qu'on peut presque filmer sur le pas de sa porte, à une superproduction comme Kampen om tungtvannet me semble salutaire. Je pense qu'il est important pour des créateurs de s'investir dans différents formats, d'utiliser différents types de financement. Faire du cinéma est un métier et un art : il est bon d'expérimenter un peu.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy