email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Nicolas Winding Refn • Réalisateur

“L’art est un acte de violence”

par 

- Nicolas Winding Refn dévoile quelques secrets de fabrication de l’hyper stylisé et très sombre Only God Forgives

Entouré par l’actrice Kristin Scott Thomas, la productrice Lene Borglum, le monteur Matthew Newman et le compositeur Cliff Martinez, et après que Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, ait lu un message chaleureux de Ryan Gosling, retenu par le tournage à Detroit de son premier long de réalisateur, le cinéaste danois Nicolas Winding Refn a dévoilé à la presse internationale quelques secrets de fabrication de l’hyper stylisé et très sombre Only God Forgives [+lire aussi :
critique
bande-annonce
making of
interview : Nicolas Winding Refn
fiche film
]
, présenté en compétition sur la Croisette.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Les premières notes de production du film indiquaient qu’il était question d’un homme voulant lutter contre Dieu. Comment en êtes-vous arrivé à cette tragédie grecque en Asie ?
Nicolas Winding Refn : J’ai passé en accord avec Gaumont et Wild Bunch pour faire deux films à faible budget, et le premier est devenu cette histoire de combat en Thaïlande. Je ne suis pas un fan des films de combat, mais j’étais dans une phase existentialiste de ma vie avec une colère que je n’arrivais pas à canaliser. Je me suis dit que la seule réponse était peut-être Dieu et qu’il fallait le défier. Mais il fallait une histoire plus linéaire. J’ai donc ajouté une mère dévoreuse, une relation mère-fils, et un personnage qui se prend pour Dieu. Ensuite, je me suis lancé dans Drive et j’ai laissé de côté Only God Forgives. Puis, on a retardé le tournage de quelques mois à cause du planning de Ryan Gosling, j’ai casté Kristin Scott Thomas et je suis parti en Thaïlande. Cela a été une expérience intéressante et le film que je voulais faire sur la réalité et le mysticisme. Car j’ai constaté que la spiritualité a une connotation différente en Asie.

Comment avez-vous abordé  ce sujet de la spiritualité ?
Le scénario original était très logique et expliquait beaucoup le mysticisme. En Occident, on s’intéresse plutôt aux faits concrets. En passant du temps en Asie, j’ai découvert que la définition du voyage est déjà un voyage en lui-même. Et le film présente les différences entre paradis et enfer.

Pourquoi le  film est-il dédié à Alejandro Jodorowsky ?
Jodorowsky a toujours mis dans ces films des sortes de créatures mythologiques. J’ai eu la possibilité de le rencontrer il y a quelques années et c’est devenu un ami. J’ai toujours été fasciné par son langage cinématographique qui dépasse les conventions. Après DriveBronson et Le guerrier silencieux (Valhalla Rising), je voulais faire quelque chose de différent. Je suis allé voir Jodorowsky à Paris, je lui ai demandé comment il s’y prenait, on a discuté et cela m’a donné confiance.

Ryan Gosling a très peu de dialogues et les personnages de Chang et de Crystal ont beaucoup d’importance. Pourquoi ?
L’idée du personnage de Julian est celle d’un homme engagé dans une sorte de voyage dont il ne connaîtrait pas le but. Il est lié à sa mère par des chaînes invisibles, une forme de malédiction dont il ne peut se libérer qu’en atteignant un certain niveau de violence. J’ai dit à Ryan Gosling de faire comme voulait. Et le langage du silence peut être plus poétique. Finalement, dans le film, on ne se demande pas qui l’on est, mais qui l’on n’est pas. Il y a des images subliminales un peu partout et une dimension off d’irréalité.

En quoi Bangkok vous-a-elle influencé ?
J’étais déjà allé à Bangkok en touriste. Mais c’était comme être à New York et à Los Angeles, je n’étais qu’un étranger dans la ville. Je savais que pour faire un film différent de mes précédents, je devais aller ailleurs. Nous avons tous des faiblesses, mais les artistes peuvent les transformer en forces. Et c’est quand j’ai commencé à visiter Bangkok de nuit que j’ai commencé à visualiser le film. Par ailleurs, je ne connaissais rien à la musique locale et j’ai découvert que les gens se réunissent pour chanter et qu’ils vivent dans un monde musical assez religieux. Chaque chanson du film tourne autour d’une fable qui parle de la vengeance, du retour chez soi. J’aime les films d’un genre différent et j’aime le cinéma asiatique, son calme et ses silences.

Comment avez-vous mis en scène le mouvement et l’espace ?
Le mouvement est essentiel pour un acteur, tout comme les costumes. Après Drive, nous avons choisi avec Ryan Gosling une autre approche de son déplacement, comme les somnambules qui avancent d’une manière particulière, dans un flottement. Pour le personnage de Chang, il s’agissait de savoir comment Dieu marcherait si il était parmi nous. Et il y a très peu de dialogues, alors que notre époque est habituée à parler et à la rapidité des échanges d’information. Quant à l’espace, j’aime la profondeur de champ infini et travailler sur l’arrière-plan.

L’extrême violence du film est-elle justifiée ?
L’art est un acte de violence, il parle à notre inconscient. Je ne réfléchis pas vraiment beaucoup. J’ai l’approche un peu d’un pornographe : c’est ce qui m’excite qui m’intéresse. Notre naissance nous pousse à la violence. Ensuite elle est un peu opprimée au fil des années, mais nous avons besoin de l’exprimer et l’art est un moyen d’y parvenir.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy