email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Olivier Assayas • Réalisateur

"Je ne fais pas des films à messages"

par 

- Le réalisateur français Olivier Assayas présente Après Mai en compétition à Venise

Sélectionné en compétition officielle de la 69e Mostra de Venise, le réalisateur français Olivier Assayas s’est entretenu avec Cineuropa au sujet de son dernier long métrage, Après Mai [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Olivier Assayas
fiche film
]
.

Ces jeunes post soixante-huitards s’intéressent à la cause ouvrière, mais vous ne les présentez pourtant pas comme issus de cette classe sociale. Y-a-t-il une raison à ce choix ?
Olivier Assayas : Outre le personnage principal qui est celui qui me ressemble le plus et qui est issu d’un milieu artistique et relativement bourgeois, je n’ai pas donné de définition sociale des autres personnages. Ils sont issus de la classe moyenne parisienne dans laquelle j’ai grandi. C’est un milieu jeune où l’on trouvait de tout. Il y avait des fils d’ouvriers, d’employés, d’artistes ou de fonctionnaires publics. Ce sont des lycéens qui découvrent le monde et ce ne sont pas ceux qui ont effectivement faits la révolution de 68.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

La première manifestation est particulièrement violente. Avez-vous inventé ce concept de tandem policier à moto avec leurs utilisation de la matraque proche d’un épisode de Mad Max ?
Les CRS à moto, ces brigades spéciales que je montre dans le film, étaient une innovation en 1971, mais elles étaient bien réelles. Elles n’existaient pas en 1968 et elles ont été dissoutes plus tard suite à la mort d’un lycéen qui avait reçu un mauvais coup.

Pourquoi avoir attendu toutes ces années avant de décrire cette époque d’une façon finalement assez triste ?
J’ai déjà réalisé un film sur mon adolescence, L’Eau Froide, mais il s’agissait d’une approche plus poétique que celle d’Après Mai qui me semble plus romanesque. Je ne sais pas si le film est triste. Il y a la présence de l’amour, de la tendresse et de la nature, mais il est vrai que je me démarque un peu des oeuvres qui décrivent l’adolescence comme une période de fête ou de drague, très divertissante. Ce n’est pas le souvenir que j’en ai. Je me souviens d’une certaine mélancolie et d’un sérieux politique. Le gauchisme était assez triste et violent et cela se reflétait sur les jeunes qui accusaient les changements de Mai 68 et qui se demandaient comment eux, pouvaient intégrer ce mouvement de changement pour qu’ils soient entendus et qu’ils servent à quelque chose.

Est-ce que le film porte un message d’espoir pour l’avenir ?
Je ne fais pas des films à messages. Je décris une époque qui a existé et une certaine foi dans l’avenir qu’entretenait une génération étudiante consciente. De ces évènements que j’ai voulu aussi fidèles que possible, le public peut tirer son propre message s’il le veut. Je ne crois pas que le cinéma soit un moyen de communication. C’est un art. Il peut présenter les contradictions de notre monde complexe pour que le spectateur se fasse une opinion. Je ne désire pas diriger son regard ou l’informer d’une certaine façon. C’est le travail du journalisme.

Pensez-vous qu’une révolution de type free press telle que montrée dans le film soit toujours possible aujourd’hui ?
Je ne crois pas et je pense que le film laisse entendre ma désillusion à ce sujet. Aujourd’hui, l’information est démocratisée pour le meilleur ou pour le pire. Tout est accessible tout le temps à tout le monde. A l’époque, ce n’était évidemment pas le cas. L’information était le monopole des puissants et la contre culture est un réseau qui s’est développé comme une action militante, motivée et transnationale. La contre culture, la free press, le cinéma expérimental étaient des mouvements minoritaires et de ce fait, ils avaient une aura puissante qui aujourd’hui est perdue.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy