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Nadine Labaki • Réalisatrice

"Le cinéma est une arme non-violente pour changer les choses"

- Dévoilé au Certain Regard Cannois, Et maintenant on va où ? de la Libanaise Nadine Labaki a remporté de nombreux prix dont celui du public à Toronto.

Cineuropa : Comme dans Caramel, on voit ici des femmes qui s'opposent à la violence, des femmes porteuses d'une énergie positive.
Nadine Labaki : "L'intention du film n'était pas de dire que les femmes amèneront à coup sûr la paix : je voulais surtout parler de ma responsabilité, de la nôtre, dans ce qui se passe. Les guerres et les conflits ne sont pas seulement la faute des hommes ; ils existent partout dans le monde et sont souvent dictés par la peur. Je me suis alors demandé comment, en tant que femme et que mère, je pourrais tenter de mettre fin à tout cela, ou au moins me dire à moi-même que j'aurai essayé. Le film raconte comment une femme et mère peut affronter l'absurdité des conflits. Dans mon pays, on a vu des hommes prendre les armes les uns contre les autres qui vivaient auparavant côte à côte, mangeaient le même pain et respiraient le même air. Il faut réagir à cette absurdité".

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Le film est à mi-chemin entre comédie musicale et drame politique. D'où vient votre passion pour le mélange des genres ?
N.L. : "Quand je fais un film, je rêve d'un monde différent – c'est pour cela que je mélange des genres comme la comédie, le ballet et le drame. Le rire et l'humour conviennent pour aborder une réalité comme la nôtre : tous ces conflits sont tellement ineptes qu'on ne peut pas ne pas les prendre ainsi. Le rire peut être la première étape d'un processus de guérison, d'apprentissage à partir de nos erreurs. Je connais beaucoup de femmes qui ont perdu des êtres chers, qui sont en deuil, et qui continuent malgré tout avec le sourire : elles ont quelque chose à nous apprendre. L'approche que j'ai adoptée dans ce film n'est pas réaliste, l'action ne renvoie pas à un lieu ou une période spécifique et le conflit montré pourrait se produire entre n'importe qui, y compris deux partis politiques ou deux équipes de football. C'est tout simplement un conflit entre des êtres humains. L'aspect musical du film m'a permis d'ajouter le ton de la fable à ce film au thème aussi important".

Se rapprocher d'Hollywood serait-il pour vous un objectif à atteindre ou une chose à éviter ?
N.L. : "Si Hollywood me permettait de faire ce que je veux, pourquoi pas. Cela dit, je n'ai pas particulièrement envie de faire des films plus vastes ou plus grandioses ; mon objectif pour mes prochains film est plutôt d'expérimenter, de flirter avec la réalité. Ce que j'ai toujours cherché à faire dans mon cinéma est de réaliser quelque chose de fidèle à la réalité pour essayer un tant soit peu de la changer. Pour cela, il faut que les gens s'identifient à ce qu'ils voient dans le film ; il doit avoir un impact sur ce qu'ils vivent en réalité. Je veux que le cinéma devienne une nouvelle arme, non-violente, pour changer les choses. C'est peut-être candide de le voir comme ça, mais je veux croire qu'au moins j'aurai essayé".

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