email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Nanni Moretti • Réalisateur

“Un sentiment d’inadéquation partagé par tous les nouveaux papes”

par 

- Le réalisateur a rencontré à Rome la presse de son pays, à la veille de la sortie italienne de Habemus papam et un mois avant sa présentation en compétition au Festival de Cannes 2011.

Après avoir laissé les médias et les professionnels du cinéma italiens dans l’incertitude la plus totale, Nanni Moretti a accepté au dernier moment de parler de son nouveau film Habemus papam, sélectionné en compétition au 64ème Festival de Cannes. Extraits de cette rencontre qui s’est déroulée au terme de la projection de presse organisée la veille de la sortie du film dans les salles italiennes le 15 avril.

Préserver le secret sur le film jusqu’au dernier moment: est-ce du snobisme ou une stratégie marketing?
La vérité, c’est que j’étais très fatigue et que j’avais besoin de me reposer quelques jours. Et puis, les cinéastes créent de la confusion en parlant de leurs propres œuvres, moi comme les autres. J’ai travaillé énormément sur ce film et j’espère qu’il parlera un peu de lui-même.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Quelles étaient vos intentions avec Habemus papam?
Je voulais parler d’un homme fragile, le cardinal Melville, qui se sent en inadéquation par rapport au pouvoir et au rôle qu’il est appelé à jouer, et je voulais le faire dans le cadre d’une comédie. Et puis, je voulais aborder le personnage que je joue, le tournoi de volley-ball, le manque d’attention, l’amour de Melville pour le théâtre. Au début du projet, le pape avait même une sœur actrice. Mais nous l’avons fait mourir et elle est seulement mentionnée dans le film. Quoi qu’il en soit, je pense que ce sentiment d’inadéquation est partagé par tous les cardinaux nouvellement élus papes, ou tout du moins c’est ce qui se dit.

Comment s’est déroulée la rencontre avec Michel Piccoli?
Je lui ai demandé de faire un essai, en italien, pour six scènes. Il a accepté. Alors, je suis allé à Paris. C’était le 14 août 2009. Nous avons essayé et immédiatement après, je lui ai dit que je serais très heureux s’il jouait dans mon film. Je savais que Piccoli était un excellent acteur, mais quand j’ai vu le film pour la première fois en salle, entièrement monté, je me suis rendu compte à quel point il avait réussi à incarner le personnage, avec ses silences, ses expressions et sa démarche.

Comment avez-vous choisi le nom du personnage principal : Melville?
Il y a quelques années, j’ai dirigé une édition du festival de Turin qui présentait une rétrospective de l’œuvre du réalisateur français Jean-Pierre Melville. Quand nous cherchions des noms pour les personnages du film avec les scénaristes Federica Pontremoli et Francesco Piccolo, celui de Melville a surgi. Nous nous y sommes attachés et nous l’avons gardé.

Y a-t-il quelque chose de Moretti dans le personnage du pape?
Il y a quelque chose de moi aussi bien dans le personnage que j’interprète, le psychanalyste Brezzi, que dans celui du pape. Mais il faut préciser que je n’ai jamais pensé un seul instant interpréter le rôle du pontife, même si tout le monde, apprenant que j’allais travailler à un film sur un pape dépressif, me voyait jouer le personnage. Mais il fallait quelqu’un de complètement différent, un autre personnage, un autre âge.

La représentation aussi affectueuse et humaine des cardinaux était-elle prévue dès le départ?
Pendant l’écriture, nous nous sommes pris d’affection pour quelques cardinaux : le compétitif, le préféré, l’archidiacre qui prend le calmant le plus fort. Il y avait aussi des acteurs non professionnels comme le cardinal chilien, l’un des participants à la partie de cartes, qui est en réalité un figurant ayant un tout autre métier dans la vie. Sur le plateau, scène après scène, j’ai compris sur quels non professionnels il fallait se concentrer et les faire devenir des personnages. Je voudrais aussi souligner qu’il y a un an, les journaux ont évoqué pendant plusieurs semaines des scandales impliquant l’Eglise. Pendant la phase d’écriture du scénario et durant le tournage, j’ai choisi de ne pas me laisser embarquer par ces événements. Qui voulait savoir a su. Le film est une toute autre chose.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy