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Séries Mania 2022 – Séries Mania Forum

Dossier industrie: Séries

Du long métrage à la production de séries à Séries Mania Forum

par 

Retour d’expérience pour les producteurs Ed Guiney, Leontine Petit et Michael Polle qui ont livré leurs points de vue sur le passage du 7e art à la série

Du long métrage à la production de séries à Séries Mania Forum
Un moment pendant le débat

C’est la grande mutation et quasiment toutes les sociétés de production cinématographique sont en action pour, quand elles ne sont pas déjà montées à bord, attraper le train mondial de la série qui file à un rythme trépidant. Mais passer de la production de longs métrages à celle de séries est-il si facile ? Trois producteurs expérimentés, l’Irlandais Ed Guiney (Element Pictures), la Néerlandaise Leontine Petit (Lemming Film) et l’Allemand Michael Polle (X Filme Creative Pool) ont échangé sur la question lors d’un débat organisé dans le cadre du Séries Mania Forum, en partenariat avec ACE Producers et EAVE.

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Ed Guiney : "Toute l’industrie voit les frontières entre les mondes du cinéma et de la série s’estomper. Si l’on prend l’exemple de Normal People, avec Lenny Abrahamson, nous avions d’abord pensé au roman de Sally Rooney éventuellement pour un film, mais la structure du livre et la temporalité de l’intrigue incitaient clairement à de la série. Il y avait beaucoup de concurrence pour acquérir les droits, mais la BBC était partante à 100% et nous avons garanti à Sally Rooney que le projet irait à son terme. Si cela avait été un film, il aurait sûrement été très apprécié par les grands festivals, mais cela aurait été beaucoup moins profitable financièrement. Globalement, je pense que la qualité des cinéastes et le meilleur contrôle de la qualité artistique par les producteurs habitués au cinéma peuvent créer une vraie différence pour les séries, un univers où les réalisateurs étaient souvent considérés juste comme des techniciens, ce qui me choquait beaucoup. L’essor des séries, c’est une vraie opportunité de pouvoir créer une super niche et s’y exprimer à fond alors que le marché du cinéma art & essai s’est rétréci. Certes, la série est un processus créatif très long, avec beaucoup de matériel, un travail davantage en équipe, et les cinéastes doivent sans doute modérer un peu leurs instincts. Mais il n’y a pas une seule façon de faire comme je suis en train de l’expérimenter avec l’écriture de la série The Gallows Pole de Shane Meadows [lire la news], et je m’aperçois que les diffuseurs attendent aussi davantage du producteur. L’une des complications actuelles, c’est le turn-over très important au niveau des acheteurs alors que développer tout en conservant ses options de financement est à mes yeux très important. Par ailleurs, il y a aussi une chasse aux talents très compétitive pour attirer et garder dans sa structure les meilleurs producteurs qui savent évoluer dans la série."

Leontine Petit : "Avec Les Héritiers de la nuit, on s’était dit : pourquoi pas de la "fantasy" et donner de la qualité à ces adolescents qui regardent Game of Thrones ? On a commencé avec une "writer’s room", mais ce n’est pas facile en Europe car il n’y a pas d’habitude d’une telle structure de travail, donc les résultats ont été mitigés. Nous avons adapté la même approche que pour le cinéma, en gardant beaucoup de liberté, il y avait simplement un planning et une vitesse différents. Mais c’était une adaptation de livre et c’est sans doute plus facile de persuader ainsi des partenaires.

Je pense que c’est également important de ne pas développer trop de projets, mais un nombre raisonnable, et de bien définir son objectif : est-ce qu’on veut faire du volume ? Aller sur un marché de niche ? Le mainstream pour une large audience, ce n’est pas pour tous les projets. Ensuite, il n’y a pas de problème pour que les réalisateurs puissent apprendre des auteurs (qui étaient sous-considérés avant et qui sont maintenant les stars) comment on construit une série, un épisode. L’essentiel, c’est de garder de la flexibilité par rapport à l’idée initiale afin de pouvoir s’ajuster quand la vision commune est définie. Donc, même si c’est un luxe, c’est mieux de développer davantage avant d’aller négocier avec les partenaires. Et à l’intérieur même de la société de production, il faut se structurer plus, notamment pour le juridique, sans perdre de la créativité en route."

Michael Polle : "Nous avons toujours insisté sur l’importance de rester sur une idée locale et de tourner en allemand, comme nous l’avons fait pour Babylon Berlin et maintenant pour House of Promises. Ce qui est également essentiel, c’est de trouver les bons partenaires pour protéger au mieux son projet. Car deux pages de pitch et se retrouver en tournage huit mois après comme le font les streamers, cela peut parfois marcher, mais le temps de développement et la qualité sont quand même intimement liées. C’est pareil pour la "writer’s room" : cela ne marche pas avec tous les réalisateurs. Ce qui compte, c’est de trouver la bonne combinaison. Ce qui est incontournable également, c’est qu’il faut apprendre à structurer le processus, à faire parfois des erreurs mais à bien les analyser à posteriori. Notre conception générale, chez X Filme, c’est que nos créatifs viennent nous voir avec leurs idées et qu’on réfléchit ensemble à ce qui est le mieux : film ou série. Car les deux mondes se sont vraiment rapprochés et on est en pleine période de transition. L’essentiel, c’est la passion créative et même si tout le monde parle actuellement des IP, je pense qu’il y aussi de la place pour bien d’autres choses."

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